A part Samuel Vimaire, quel personnage du Disque Monde pourrait être un ambassadeur diplomatique efficace, facétieux et charismatique en territoire hostile ? Personne....à part Mémé Ciredutemps, mais comme cette 25e annale est dédiée au Guet, il faudra - pour notre plus grand plaisir - se contenter de l'inénarrable Commissaire Divisionnaire et Duc d'Ankh Morpork. Bien qu'il soit envoyé en Uberwald pour négocier à un bon prix de la graisse extraite par les nains, Samuel Vimaire ne pourra taire son instinct de flic et profitera de l'occasion pour enquêter sur le coup d'état que semble fomenter les nobles familles aristocratiques des terres de l'Est du Disque.
J'aime quand Terry Pratchett développe son univers et autant dire qu'avec cette annale j'ai été franchement gâté. L'auteur anglais s'emploie à tirer un portrait parodico-satirique des contes et légendes de l'Europe de l'Est et il le fait, comme toujours dans cet exercice, avec grand talent. Vampires et loups-garous sont dépeints avec humour et panache, quand les nains, eux, mettent en lumière les thématiques de la condition de la femme, des traditionalistes opposés aux réformistes, des arcanes de la politique et le tout saupoudré d'un peu de philosophie avec la parabole du bateau de Thésée. A cela on peut également ajouter l'approche Morporkienne du syndicalisme, l'art du combat selon Vimaire, la vie d'une meute de loups ou encore les bienfaits d'une association comme celle des alcooliques anonymes. Rien que ça !
Indéniablement cette annale est ma préférée du cycle du Guet, et trône également fièrement dans mon top de la saga du Disque Monde. Pour moi, il y a tout dans ce livre : au-delà des nombreuses thématiques abordées plus haut, cette annale nous plonge dans l'univers dépaysant des films d'épouvante les plus célèbres, nous fait côtoyer une galerie de personnages tous plus loufoques et attachants les uns que les autres, nous immerge dans une enquête policière bien ficelée et, enfin, ne lésine pas sur les scènes d'action et les moments de bravoure. Il y a de tout, et pour tout le monde dans ce roman. C'est bien rythmé, extrêmement bien écrit (et traduit par Patrick Couton) et, surtout, c'est drôle et bourré de traits d'esprit savoureux et caustiques.
Finalement le seul petit reproche que j'adresserais au livre - et encore, c'est vraiment parce que je cherche à chipoter - c'est son titre : Le Cinquième Eléphant. Si les éléphants sont des entités bien connues et extrêmement importantes du Disque, ce petit cinquième ne joue aucun rôle dans l'oeuvre et son histoire est rapidement expédiée. Mais bon, pas de quoi être trompé sur la marchandise car cette annale fait partie des Must Read dans la saga de Terry Pratchett. Alors défense de passer à coté !