C'était la jeunesse de mes parents... leurs goûts, leurs pensées et leurs choix de vie ont sûrement été façonnés par cette période où la liberté et la rébellion semblaient fleurir partout. J'ai plongé dans ce roman émerveillée par sa densité, ses références et sa dynamique. Quand j'ai émergé, j'ai eu le sentiment d'avoir fait moi-même de belles rencontres et de venir aussi un peu de cette époque.
Un petit club d'échec réservé aux initiés dans un obscur bistrot parisien. Chacune des vies de ses membres, immigrés volontaires ou réfugiés politiques, est à elle seule une épopée, une tragédie ou un gâchis... et pourtant Pavel, Leonid, Vladimir, Sacha, Igor,... restent des passionnés et gardent leurs valeurs. A l'image d'un grand échiquier de la vie, la partie est longue, il y a des temps de réflexion et de manipulation, des pions sacrifiés, des nobles et des salauds, des retournements de situation. Le jeune narrateur fréquente ces adultes, ne comprend pas tout, et avance avec sa fraîcheur dans ce monde de 1960. Il découvre les distensions familiales, le rock, la photo, les émois amoureux, les eaux troubles de la guerre d'Algérie; il découvre aussi l'amitié, l'aventure, le communisme. Un roman qui donne la force et le sourire.