Le Club du suicide par Rohagus
Cet ouvrage est l'adaptation en bande dessinée d'une trilogie de courtes nouvelles policières de R.L. Stevenson. Elles mettent en scène le Prince Florizel de Bohème, riche noble en quête d'aventures qui joue les enquêteurs et les justiciers, confronté ici au dangereux président d'un club bien particulier.
Le ton de ce récit est celui d'un roman-feuilleton, avec une bonne part de mystère et un peu de sensationnalisme, du moins pour l'époque. Empli d'ellipses et laissant le lecteur démêler seul l'écheveau d'intrigues assez alambiquées, il manque de clarté à mon goût. En outre, chacune de ses trois parties est l'occasion pour l'auteur de planter un nouveau décor, avec des personnages et des situations au départ inconnues qui peuvent laisser le lecteur perplexe le temps qu'il réussisse à "raccrocher les wagons".
La narration de cette adaptation n'aide en outre pas toujours car j'ai dû revenir deux ou trois fois en arrière pour être bien sûr d'avoir compris ce que je venais de lire. Ce fut par exemple le cas lors de la mort annoncée de ce fameux Barthélémy Malthus en fin de première partie, sachant que ce nom n'avait jamais été écrit avant et donc pouvait laisser supposer plusieurs possibilités. Les comportements et intentions des personnages également sont parfois difficiles à cerner.
En contrepartie, l'album est doté d'un très joli dessin à base d'aquarelles dans les tons ocres et bleutés. Les décors sont particulièrement réussis, qu'il s'agisse des rues de Londres comme de Paris. Les personnages sont simples mais dessinés de manière relativement efficace même s'il faut parfois réfléchir un peu pour bien les reconnaître, d'autant plus que les héros ont tendance à se grimer au cours de l'intrigue.
Au final, le scénario de cette histoire que je ne connaissais pas est original et plaisant mais hélas trop souvent confus ou inutilement compliqué. Heureusement, il est soutenu par un bien agréable graphisme, mais cela ne suffit pas à combler ma frustration d'être un peu passé à côté du récit et d'avoir souffert de son manque de clarté.