A Edmond Dantès. Au large de quelque contrée lointaine.
Edmond Dantès. J’ai longtemps repoussé notre rencontre. Je ne me sentais pas prêt. Je m’étais pourtant délecté de la rencontre de votre lointain cousin gascon, et de ses acolytes au mousquet. Mais, rien n’y faisait. Vous m’impressionniez. Puis, au détour d’une étagère poussiéreuse, nous nous rencontrâmes.
À chaque instant où j’ai pu fuir, je vous ai rejoint. J’ai partagé votre cellule. J’ai regretté l’abbé tout autant que vous. J’ai soufflé les noms à votre plume vengeresse. Je vous ai suivi, sur route comme en mer, préparer l’échiquier de votre vengeance. Telle une ombre, j’ai admiré la partie que vous avez menée, tout autant contre le naïf Edmond que vous étiez que contre chacun des scélérats qui récoltaient les fruits indus de votre déchéance. Et, c’est non sans émotion que, dans l’ombre de Maximilien, j’ai lu votre testament.
Un rythme crescendo, une composition juste, une profondeur intrigante, votre père a su soigner vos atours. Laissant le lecteur vous apprécier à sa manière : qui tel un roman d’aventures pour les uns, qui tel un essai sur la vengeance, qui tel le précurseur du mythe du justicier masqué. Vous ne pouviez que séduire et conquérir.
Comte de Monte-Cristo, je vous remercie pour les moments ainsi offerts. Vous pouvez compter sur mon indiscrétion pour partager la lecture de vos exploits avec le plus grand nombre.
Nous nous reverrons. Nous reprendrons le chemin du Vieux Port. Nous affronterons de nouveau le château d’If. Et nous retrouverons Haydée. Je le sais.
Votre bien dévoué.