Si je pris la résolution de lire ce grand classique de la littérature française, ce fut d'abord pour rattraper une lacune honteuse, en effet, je n'avais jamais lu un livre d'Alexandre Dumas. Ne connaissant les trois mousquetaires que de nom, un autre titre était inlassablement évoqué lorsqu'il était question des romans les plus emblématiques signés de la plume de Dumas (et Maquet) : le célèbre Comte de Monte-Cristo.
Je dois avouer qu'au premier abord, l'épaisseur du volume m'intimidait. Ma crainte était de ne pas en voir le bout, de m'ennuyer, que ce soit fastidieux, considérant la petitesse des caractères, de devoir sortir mon dictionnaire après chaque paragraphe.
Mon Dieu, que j'eus tort.
Ce récit est tout simplement gigantesque, non en longueur bien qu'il soit très dense, mais en termes de trame scénaristique. Nous sommes rapidement plongés dans le tragique destin d'Edmond Dantès et les premiers chapitres se déroulant à Marseille donnent le ton. La magie a opéré chez moi et suivre L'épopée d'Edmond m'a tenu suffisamment en haleine pour que je ne vois pas les 1400 pages se tourner. Mais comment fut possible une telle prouesse ?
Drame pseudo-historique, récit épique d'aventure, frise chronologique de son temps, peu de choses manquent dans le comte de Monte-Cristo, ou plutôt tout y est. Mais surtout, rien n'est laissé au hasard. Chaque micro-évènement, chaque détail, sert d'édifice à un plan génial longuement fomenté par notre comte. Audacieux, charismatique, calculateur, sûr de lui, tourmenté, voire mystique, difficile de rester de marbre devant un tel personnage qui adoptera d'ailleurs une multitude de costumes. En outre, il est jouissif de voir Les conspirateurs du comte, dont la malice n'a d'égale que la laideur de l'âme, propulsés dans le piège quasi sans failles dressé à leur égard. Les autres figures qui occupent le récit ne sont heureusement pas de trop. On se retrouve vite passionnés par les ébats du fils Morrel avec sa muse Valentine, les extravagances d'Albert de Morcef, les fourberies du faux prince Andrea, le charme somptueux d'Haydée, l'audace d'Eugénie. Ainsi, Dumas nous gratifie d'une mosaïque d'individus tous plus attachants et complexes les uns que les autres.
Les dialogues, quant à eux, transpirent l'influence omniprésente des ressorts théâtraux dont Dumas est coutumier. Cela permet de proposer des retournements de situation incessants, rendant la lecture absolument délicieuse.
Le seul bémol est le caractère peu vraisemblable de certaines scènes, manquant de réalisme, mais dont on ne peut tenir rigueur tant cela donne de la force au récit qui jouit d'une structure parfaitement maitrisée.
En bref, je recommande vivement la lecture du comte de Monte-Cristo dont je l'espère, l'univers riche et exaltant ne manquera pas de faire mouche auprès de ceux qui auront la curiosité de tenter l'expérience.