Entre philosophie et incantations psychotées

Michel Serres est un homme engagé.
Lorsqu'il écrit Le contrat naturel en 1989, il vient de participer à des conférences à Pao Alto qui préfigurent le sommet de la Terre de Rio (1992).


Son parti pris : le contrat social de Rousseau et les Droits de l'Homme ont laissé de côté le lien entre l'Humanité et son environnement.
Au risque de s'autodétruire.


Le livre est donc à la fois :
- visionnaire : 30 ans après, conférence après conférence, les Etats déclinent des plans d'actions pour limiter l'effet de serre (sans jeu de mot)
- tristement trop optimiste : Michel Serres pointe lui-même le fait que l'Homme ne raisonne qu'à Court terme. Et de fait cela se vérifie sur la lenteur de la mise en œuvre des engagements des COP sur le Climat.


Mais à l'arrivée, je ressors frustré
- Sur le fond, le Contrat naturel bénéficie d'une belle rétrospective sociologique. Mais il manque de conceptualisation philosophique. En comparaison avec le Contrat social, il parait un peu léger et pas didactique.
- Sur la forme, Michel n'a pas la qualité littéraire du "poème philosophique" de Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra). Le problème est qu'il a tenté le coup : à partir du milieu du livre, il est tout feu tout flamme.
Sa narration se veut métaphorique. Elle a plus l'odeur de psychotropes et le texte devient incompréhensible !
A travers des scènes réelles ou imaginées (Eve et Adam sur un bateau, lancement d'une fusée Ariane, tranches de vie de Thalès ou Gaius...), Michel - sous crack - passe de la science à la religion, de l'histoire au conte...
Tenir le fil devient une gageure.
A titre personnel, je l'ai donc perdu au milieu de l'ouvrage.

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le 29 juil. 2021

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Raider55

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