Soliloque alcoolisé accoudé au zinc d’un bar de Lisbonne pour charmer une femme aux formes s’épanouissant au travers d’un verre de whisky qui se vide. Mais cherche-t-on réellement à séduire ? Non on ne s’illusionne plus sur les sentiments : on veut son carré de peau qu’on va pouvoir faire épanouir au rythme de ses propres pulsions. Car notre homme en a dans la besace, de quoi vous en faire dégorger les égouts de la Praça do Commércio des immondices en tous genres qui jonchent ses pensées. Pensées croupies dans cette sale guerre en Angola, borborygmes et flatulence de ce cul de Judas, soumission à l’incurie des généraux et à une société soumise dans une société uchronique où le goupillon dégoupille la grenade, et surtout foutre froid en ébullition distillant une solitude toujours plus difficile à voiler … Ce qui est vrai est palpable : le sexe moussu d’une femme mais aussi la jambe sectionnée par une mine, les boyaux à l’air …
Lobo Antunes, médecin perdu dans une sale guerre, fruit blet malade de cette société aux repères transcris dans une parodie de saints sacrements, m’a rappelé un certain Bardamu qui aurait étrangement reparu dans les années 70 dans le Portugal de Salazar …
Grand moment de lecture que je ne saurais toutefois conseiller à tous : le style est syncopé et il faut savoir plonger dans un chapitre sans pouvoir reprendre son souffle au risque de se retrouver complètement perdu (dans ce cul de Judas …)

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le 21 mai 2014

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