Mais que voilà une belle lecture commune du forum des Trolls !
Dans une belle langue, travaillée, S. Beauverger nous livre une uchronie science-fictionnesque de toute beauté. (Je n'ai pas cité tous les passages que j'ai relevés. Il y en a beaucoup trop, parce qu'en plus d'être un bon écrivain, l'auteur est un joli philosophe, plutôt averti de la "nature humaine").
Son héros, le Capitaine Villon, flibustier "commerçant" fasciné par les "maravillas", ces choses venues d'autres temps, au point de les pister partout dans les Caraïbes, ayant ses fournisseurs attitrés, fussent-ils "Spaniards" abhorrés, est un personnage haut en couleurs, tout en ambiguïtés et finesse, qui subit sa destinée plus qu'il ne la dirige. (J'ajoute que les personnages secondaires ne sont pas moins beaux ni moins hauts en couleur... Ils sont juste moins présents, et pourtant, qu'on s'y attache !)
Balloté au gré des vagues diverses et variées de son environnement, soûlard invétéré, traîné de ci par un capitaine spaniard des plus retors vers les prisons de Carthagène, entraîné de là par un compagnon maya vers une ville aux apparences dorées, manipulé sur son "Déchronologue" par de soit-disant "observateurs" , soumis aux explosions formidables des paradoxes temporels, nous suivons notre héros de la même façon, dans un texte très soigneusement "déconstruit", dans des allers-retours dans le temps en fil des chapitres. Ce qui, au final, nous entraîne, nous lecteurs, à sa suite, dans le tourbillon des événements de sa vie, pour nous laisser, après un final énorme, échoués sur la plage après les tempêtes, balbutiants et nous demandant bien ce qu'on vient de vivre là...
Si lire fait voyager, ce bouquin là, pour peu que l'on s'y consacre entièrement et que l'on s'y plonge sans retour, vous laisse totalement éparpillé, sous le choc, étourdi et saoulé de feu, de sang, de poudre, de secousses titanesques temporelles... et de tafia, cela va sans dire !
J'ai lu je ne sais plus où que ce n'était pas un chef-d'oeuvre... Bah je pense que si, sauf qu'il faut s'y laisser immerger, voire noyer...