C'est toujours la même chose avec Paulo Coelho : il tient un truc, une bonne idée, mais ça ne prend pas.
Ici, Coelho décide de confronter une pauvre jeune femme à une sorte de démon qui lui permet de choisir : la richesse pour elle seule, ou pour l'ensemble d'un village qui l'a peu soutenue. On sent la tension : le bien ou le mal, l'égoïsme ou l'altruisme, le pardon ou la rancune ? C'est toute la nature humaine qui est ici en balance avec l'image même du démon comme observateur et "maniganceur". Cela pourrait être un ouvrage qui dissèque les mécanismes psychologiques de toute l'humanité avec cette pauvre femme comme témoin, qui en cherchera ses motivations les plus obscures et qui fera du démon le tentateur qui actionnera les leviers cachés à la conscience même de cette pauvre femme !
Et rien de tout cela. Rien ne ressort de ce bien piètre ouvrage. L'auteur lui-même semble passer à côté de son sujet, comme s'il ne comprenait pas l'importance de la pierre qu'il venait de soulever. Comme à chaque fois, Coelho fait de son très beau sujet une œuvre larmoyante et sans grand intérêt. Une œuvre cette fois-ci seulement narrative, sans enjeu, sans grandeur, sans examen méticuleux de la conscience humaine : sans littérature finalement.
C'est toujours comme ça avec cet auteur. C'est l'homme qui ne parvient pas à aller jusqu'au bout de ses projets, qui ne parvient pas à leur donner forme, qui ne parvient pas à les intensifier jusqu'à ce qu'ils brûlent d'enjeux magnifiques.
L'homme est sans doute quelqu'un de très bien, bourré de bonnes intentions ; un immense humaniste au cœur grand comme le monde ; mais c'est encore à se demander comment on a pu en faire un écrivain.