J’ai vraiment été touché par ce roman de Victor Hugo qui nous livre ici « son plus vibrant plaidoyer contre la peine de mort ».
Je vous conseille, si vous achetez ce livre de lire la préface de 1832 qui est superbement argumentée et fait réfléchir sur la question de la peine de mort, il s’attaque aux principaux arguments de ses défenseurs avec beaucoup de justesse.
Pour ce qui est du roman, j’ai été saisi tout le long, le fait qu’on ne sache pas qui est le condamné et ce qu’il a fait nous permet de rentrer dans sa peau, le monologue intérieur y contribue également nous faisant suivre tout ce que le personnage vit en temps réel, rien ne nous est dissimulé, que ce soit sur le plan physique ou moral.
On passe d’évènement en événement très rapidement, grâce à des chapitres qui pour la plupart ne font pas plus de 3 pages, Victor Hugo à voulu nous présenter tous les aspects de la vie d’un condamné, de son procès a son exécution !
Si les événements sont variés, l’histoire est simple et ne se permet pas de fantaisies, elle n’enjolive pas, elle présente la vie en prison sans artifice se détachant du courant de l’époque classique. Victor Hugo a également pour but de nous faire ressentir de nombreuses émotions, d'un chapitre à l'autre, on passe du rire aux pleurs, de la comédie au drame, toujours avec cette imprégnation dans le personnage qu'a réussi a créer l'auteur qui nous fait "vivre" avec lui
Ce roman c'est également une critique du milieu bourgeois de l'époque qui ne se rend pas compte du supplice moral qu'il inflige.
Le pourvoi, c'est une corde qui vous tient suspendu au-dessus de l'abîme, et qu'on entend craquer à chaque instant, jusqu'à ce qu'elle se casse. C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber
La vie de ces condamnés n'a pendant ces six semaines plus aucune importance. C'est ainsi que lors du voyage vers le palais de justice l'huissier trouve plus triste d'avoir perdu son tabac que le destin du condamné.
Enfin, le rythme est très bien géré.
Si la première moitié se passe sur environ 6 semaines, la deuxième se déroule sur 1 journée accentuant la tension et nous faisant passer par toutes les émotions qu’on peut ressentir avant la fatalité qu’est cette mort programmée.
Jusqu’au bout, on espère que le condamné va s’en sortir, mais on sait que c’est impossible !
Au final, le héros finit par mourir sans avoir pu s'y résoudre, ce qui est assez bouleversant et nous fait ressentir une certaine colère contre cette pratique, on a l’impression d’avoir perdu une partie de nous dans cette machine.
Pour moi Victor Hugo a été très fort, en plus de s’attaquer a un sujet qui eut nombre de défenseurs à son époque, ce roman lyrique et intimiste a su me faire réfléchir, rire, frémir, pleurer.