Ce roman a été une réelle claque. La lecture a été étrange au départ et m’a beaucoup décontenancé car nous sommes au coeur de l’intimité d’un homme quelques heures avant sin exécution à mort, une réelle proximité se créée. Pour autant, on ne connaît rien du protagoniste : ni son nom, ni ce qu’il a fait pour se faire condamner à mort, ni aucune information personnelle sur lui. Le décalage est frappant car on se retrouve dans les pensées remplies d’angoisse, de souvenirs et de désespoir et les derniers moments d’un homme « quelconque ». Il s’agit ici de s’intéresser à la seule l’humanité dans la peine de mort : celle du condamné.
J’ai apprécié le fait qu’il ne cherche pas à justifier son crime ou autre car ce n’est clairement pas le propos. On ne berce pas dans le pathos pour convaincre, le style est épuré et poignant et pousse surtout à réfléchir à la violence morale de la peine de mort. Les chapitres sont courts et concis (qui au final, ne ressemblent presque pas au style habituel de Victor Hugo) pour traduire de l’urgence de l’échéance proche. Moment bouleversant pour moi lors de l’échange avec sa fille Marie, ça a été réellement poignant pour moi.
L’auteur a réussi à créer une œuvre introspective, concentrée sur le personnage principal inconnu pour dénoncer la cruauté et surtout l’absurdité de la peine de mort. Ce qui est d’autant plus frappant lorsque l’on se penche sur le contexte de publication du roman : une période de turbulences politiques et sociales au 19e. J’ai pris plaisir à découvrir ce plaidoyer sur la peine de mort, que tout le monde devrait lire à mon sens ! J’ai juste eu un petit peu de mal avec le manque d’information sur le protagoniste au départ, mais c’est clairement ce qui apporte de la puissance à l’ouvrage. J’ai également lu les deux préfaces, celle de Victor Hugo et celle de Robert Badinter et je les recommande également !