Rarement j'aurais connu un tel décalage entre mon envie d'aimer un livre et mon ressenti post-lecture. Parce que Le dernier monde est un roman a priori audacieux, réunissant tout ce que j'aimerais trouver en littérature française. Une vraie idée, une histoire. Un postulat de départ aussi simple que génial. Une méthode de développement narratif originale et hautement intéressante. Une écriture poétique dans chacune de ses descriptions.

Et pourtant... A l'exception de quelques passages ça et là où Céline Minard se décide vraiment à reprendre son fil narratif et à faire avancer son histoire, rarement lecture me fut plus dénuée de plaisir, à la limite à dire vrai du désagréable. Ne pas connaitre la moitié des mythes et légendes évoqués dans le roman ne m'a en soi pas dérangée, pas plus que de ne jamais obtenir d'explication, l'intérêt est ailleurs. Mais jamais ou presque (les passages cités ci-dessus mis à part donc) je n'ai eu le sentiment que l'idée était de raconter tant que d'étaler, de vouloir caser le plus de choses possibles en 450 pages qui semblent plus gavées que denses. Objet étrange, protéiforme, boursouflé, Le dernier monde prouve nombre de talents à son auteur, mais pas celui de conteuse. Et pourtant il y avait matière, entre les nombreux avatars de Stevens et les cultures qu'il fait renaitre dans son cerveau (pas si) malade.

Sauf que la moitié du contenu m'est apparu comme une sorte de provocation vide, un effet de mode plus qu'un élément au service de l'histoire : pourquoi faut-il qu'une partie de jambes en l'air se finisse forcément par une scène d'urolagnie – rendez vous service ne cherchez pas le sens de ce terme s'il vous est inconnu - que la seconde création mentale du cosmonaute ait des rapports intimes avec des biches ou des singes, ou que les milles et une spéculations métaphysiques des uns et des autres soient absolument stériles ? Quant à l'autre moitié, composée d'un milliard de références, elle finit par confiner à l'indigeste, ne semblant avoir d'autres fonctions que de faire s'empiler les pages, nous éloignant énormément du personnage et de son épopée pour nous noyer dans un brouet qui se veut à la gloire de l'auteur plus qu'à celle de l'humanité.

Le tout compose un ensemble si décousu que je n'ai jamais pu rouvrir le bouquin et reprendre directement ma lecture et que j'ai très, très rarement réussi à lire une page d'affilée sans que mon esprit ne dérive sur tout autre chose. Je ne saurais dire ce qui m'a poussé à finir le livre, une espèce de mauvaise conscience d'élève appliquée, jamais une vraie envie de connaître la suite. Parce que ce Dernier Monde m'apparaît de bout en bout comme un récit sans doute brillant, riche de savoir, mais terriblement pauvre en imagination. Dommage, au final, c'est ça que je recherche en priorité en littérature.

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le 2 juil. 2010

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Julie_D

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