A travers ce livre, c'est toute la société marocaine qui en prend pour son grade. Les hommes, violents et paresseux, sont vus comme de véritables oppresseurs. Les femmes, trop soumises et trop attachées aux traditions sont leurs propres bourreaux. Tous cherchent à perpétuer ce qui a toujours été dans un nouveau pays, l'Espagne, et se heurtent à la nouvelle génération, incarnée par la fille de la famille. Celle-ci n'a pas grandi au bled et entend bien mener sa vie comme elle l'entend.
Mais au-delà du conflit classique entre les générations, ce qui est vraiment analysé ici, c'est la figure du père, du patriarche. Pas de révérence mais un mépris et un rejet de plus en plus fort et assumé. Menteur, drogué, adultère, violent voire quasiment fou à lier, il perd de plus en plus de son autorité auprès de sa fille unique qui peu à peu coupe les liens avec lui et sa famille.
Le roman décrit d'abord la vie du père, personnage des plus détestables. Malgré son ascension sociale, il reste profondément frustré et fait mener à sa famille une vie infernale. Puis le personnage principal devient peu à peu la fille de la famille qui s'affranchit de la tutelle et de son père et de toutes les "traditions marocaines" (d'après le roman), sauf deux, l'inceste et la sodomie. Mais elle les utilise pour mieux rompre.
Ce qui est remarquable, c'est le ton : très neutre. Pas de pleurnicheries, pas de lamentations mais plutôt de l'auto-dérision et beaucoup de recul.
Isabeau
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le 3 juin 2012

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