Toute légende possède son origine, sa genèse. Si certaines ont été forgées dans les flammes de l'épreuve, celle du sorceleur Geralt de Riv commence au travers d'un contrat à effectuer et de personnages divers rencontrés sur le chemin. Les contrats n'ont jamais rien de réellement plaisant, mais impliquent généralement des récompenses pour lesquels Geralt est prêt à danser avec la mort, s'il le faut.
Dans un monde de fantasy en déclin, où les bêtes féeriques qui peuplaient la Terre se réduisent comme peau de chagrin, la fonction même des sorceleurs se retrouve considérée comme inutile et dépassée. Mais Geralt, au travers de ses pérégrinations, ne l'entend pas sur ce ton là, et continue à arpenter les villages à la recherche d'une bête à éliminer, sans trop savoir de quoi sera fait l'avenir de sa fonction. Sa légende comportant plusieurs autres surnoms que le Loup Blanc, le lecteur pourra découvrir l'origine de l'un d'eux, et ce qu'il implique : le Boucher de Blaviken.
Mais si Geralt fait le plus souvent cavalier seul, il a quand même quelques personnages faisant partie intégrante de sa vie, tel que l'arrogant barde Jaskier, incapable d'arrêter de parler, ou bien la sulfureuse Yennefer, sorcière dont la liaison amoureuse avec lui puise ses origines autour d'un étrange voeu...
Les gens aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ça leur donne l'impression d'être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu'ils escroquent les gens, qu'ils cognent leurs femmes à coups de rênes ou criblent de flèches la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu'eux. Alors ils se sentent le cœur plus léger. Et ils ont moins de mal à vivre. (Geralt de Riv, Le Bout du Monde,I)
Bien que ce premier volume n'ait pas encore de véritable fil conducteur, cette succession de courts récits (découpés en plusieurs parties et mélangés afin d'effectuer des retours en arrière puis en avant) cimente déjà une grande partie de ce qui fait Geralt : un tueur de bêtes, cependant capable d'une grande humanité, mais tiraillé dans sa conception du Bien et du Mal.
On y découvre aussi quelques-unes des règles autour de la magie, notamment en ce qui concerne la formation des jeunes sorcières, bien loin des clichés que l'on peut voir dans d'autres œuvres : ici, leur physique avantageux n'est qu'une pure illusion dissimulant leur véritable visage, et le prix à payer pour interagir avec les forces magiques est souvent bien au delà de ce que l'on peut imaginer.
Les flammes qui forgeront la légende du Loup Blanc n'en sont encore qu'au stade d'étincelles, l'aventure ne fait que commencer.