Le Diable au corps par About
Le bouquin intelligent d'un écrivaillon trop précoce, trop immature, et mort trop tôt. Son diable l'accompagne comme un passager invisible. Passons sur les dissertations, brèves, quoique denses, sur le sentiment et la pulsion de possession. L'habileté de la dépiction, presque en filigrane, de l'égoïsme libertin ; le désoeuvrement de la jeunesse qui aperçoit dans la Grande guerre de grandes vacances ; que de raisons qui propulsent le récit bien haut sur les faîtes littéraires.
« Les vrais pressentiments se forment à des profondeurs que notre esprit ne visite pas. »
« Si la jeunesse est niaise, c'est faute d'avoir été paresseuse. Pour un esprit en marche, la paresse n'existe pas. Je n'ai jamais plus appris que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j'observais mon coeur novice comme un parvenu observe ses geste à table. »
« Un homme désordonné qui va mourir et ne s'en doute pas met soudain de l'ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe ses papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Aussi sa mort brutale semble-t-elle d'autant plus injuste. Il allait vivre heureux. »