J’ai fait mon premier Robin Hobb de ma vie et je pense que ça sera celui d’une longue série parce que j’ai beaucoup aimé sa façon de raconter les filles tu vois ?
Le dieu dans l’ombre est divisé en plusieurs parties ; des fois t’es complètement happé par le récit et des fois tu t’ennuies un peu. Mais là où j’ai le plus accroché, c’est parce qu’en 1991 quand elle écrit ce roman, elle dénonce la posture qu’on attend des femmes au milieu des années 70. « fais un moi un enfant pour que je survive au monde, rends moi heureux, et occupe toi de mon enfant pendant que je règle mes névroses parentales, occupe toi donc de deux enfants et j’ai faim ».
On alterne à la fois entre réalité et un certain onirisme, avant de se rendre compte que la partie fantastique est elle aussi une réalité. La narratrice, Evelyn, parsème son récit de souvenirs de préado des années 60 et de son vécu actuel dans les années 70 lorsqu’elle est contrainte de suivre son mari dans la ferme familiale accompagnée de son fils de cinq ans, Teddy. Elle absorbe avec un foutu courage un nombre incalculable de frustrations et va peu à peu se laisser tenter par un retour à ce qui lui permettait de se sentir vivante étant enfant, bien avant qu’elle n’ait ses règles ; la forêt qui lui permet de retrouver le Faune avec qui elle jouait.
Jusqu’à ce qu’un drame se produise et fasse complètement basculer Evelyn dans un retour définitif aux sources. Et c’est là que j’ai compris que Robin Hobb était sacrément douée dans la vie.
J’en dis pas plus parce que ce serait révéler tout l’intérêt de cette Fantasy qui était terrible. À y réfléchir, je pourrais y retourner les yeux fermés et me délecter de toute cette rage sourde qu’on accumule jusqu’au point de non retour, souvent amorcé par à un élément extérieur à la limite du choc émotionnel (et là minou tu vas en prendre plein ton âme).