Je viens tout juste de terminer "Le double" de Dostoïevski.
Depuis l'âge adulte, c'est-à-dire une douzaine d'années, j'étais devenue une "bande-mou" des romans : j'en lisais parfois, mais toujours en en me forçant un peu. Je ne prenais qu'un peu de plaisir, que je prenais volontiers mais toujours avec une balance efforts/récompense déséquilibrée. (À part quelques TRÈS rares exceptions)
Avec "Le double" de Dostoïevski, j'ai enfin retrouvé ce plaisir intense que j'avais enfant et adolescente, j'ai enfin DÉVORÉ un roman, et ça m'émeut tellement. Je veux lire toutes ses oeuvres maintenant !
La première chose qui m'a marquée dans cette œuvre est le style d'écriture : pour 1846, il est tellement frais, dynamique, avant-gardiste. C'est un mélange parfait de langage soutenu et parlé !Même dans l'humour employé, je m'y suis retrouvée en ayant ri à de nombreuses fois.
J'adore les personnages weirdo/looser donc là forcément j'ai été servie. Le pauvre M.Goliadkine ressent des choses universelles comme la paranoïa, le dégoût de l'hypocrisie, le fait de se faire de se faire des films, la confusion et le stress, l'anxiété sociale, mais cela va prendre des proportions démesurées au point que l'on se demandera pendant tout le roman où est la part d'illusions et où est la part de paranoïa. Ce qui, parfois, rendait certains passages difficilement compréhensibles à mon goût, tant la confusion est présente, et parfois on ne sait pas si c'est vraiment volontaire ou pas.
Il y a aussi certains moments répétitifs, où il va être répété des choses déjà expliquées quelques pages auparavant, comme si on était des poissons rouges. Parfois cela sert au récit, on sent que le personnage rumine, mais à la longue, parfois, c'était un peu fatigant.
Vous aurez droit à toute une palette d'émotions : du rire aux larmes, de la rancoeur au choc total (quelques fois, je n'ai même pas pu m'empêcher de lâcher "Noon sérieux ?!"). Car des plots twists, vous allez en avoir ! Autant que de scènes d'actions d'ailleurs.
Bien que ce livre date de la première moitié du 19ème siècle, il parle de thèmes universels et je me suis totalement reconnue dans ce personnage et cet univers impitoyable à la Dallas. Avec toujours ce style d'écriture où tout est dit dans les non-dits, hypocrisie oblige et aussi parce que Dostoïevski ne prend pas ses lecteurs pour des cons (Contrairement à l'entourage de Goliadkine vis-à-vis de lui), et ça aussi, ça fait du bien.
Allez-y, ça vaut le coup d'oeil !