Je ne surprendrai personne en osant proposer l’idée que Le Fermier Gilles de Ham n’est pas l’oeuvre la plus connue de Tolkien.
Pour autant, j’ai tendance à penser que hors le Légendaire de Tolkien, c’est-à-dire, en-dehors des œuvres évoquant l’Histoire globale de la Terre du Milieu (oui, je ne suis pas parfaitement précis, je sais), le Fermier Gilles de Ham fait parti des récits les plus connus du maître.
Résumons l’histoire : dans une Angleterre médiévale et baignée d’un monde fantastique, où Tolkien s’amuse avec les mots, Gilles, habitant à Ham, est un simple fermier. Prévenu de l’arrivé d’un géant dans son champ par son fidèle chien (qui parle, comme tous les chiens en ce temps), il fait fuir plus par chance que par talent, le dangereux monstre.
Célébré en héro local, il est chargé par l’intégralité du pays de défendre la nation contre un dangereux dragon, quelques temps plus tard. Le dragon, en effet, a faim, et il a entendu le géant parler de ce pays où les vaches et les moutons sont partout.
Voilà notre fermier envoyé pour vaincre le dragon. Avec de tels moments de bravoure, il est impossible qu’il ne soit pas lié au Roi, que la cour ne s’intéresse pas à lui.
Au-delà de l’amusement, de la plume plaisante, car joueuse de Tolkien, on appréciera une réelle réflexion sur la notion de noblesse, sur la royauté, sur la tradition.
Souvent on pense à Tolkien comme à quelqu’un qui défend la monarchie, qui voit la royauté de manière très symbolique, de manière typiquement heroic-fantasy. Loin s’en faut et ce texte nous permet de nous le rappeler. Le roi n’est pas roi par sa lignée, par son héritage, par sa généalogie. On voit trop en Aragorn un héritier par exemple. Non, le roi est roi par sa bravoure, par ses actes, par sa capacité à vaincre un danger, à unir le peuple. Ce ne sont pas les titres qui font le roi. Et ces titres ne peuvent obliger les autres à obéir. Seule les actions sont dignes de montrer un souverain. Cette réflexion très présente dans le texte permet de mieux saisir la vision que Tolkien pouvait avoir de la royauté, des titres de noblesse et mieux saisir la nuance de sa pensée.
Pour autant, la lecture est en elle même des plus plaisantes ! L’histoire est drôle, réellement agréable, et on se prend à souvent sourire voir à réellement rire ! On sent le côté juvénile par moment, et, simultanément, certaines blagues seront plus âgées. On notera l’humour de linguiste par moment et on regrettera que tout ne passe pas parfaitement en français.
Le récit est réellement captivant, motivant à lire et rapide, on se prend facilement au jeu. Tolkien maîtrise réellement très bien l’humour en passant son temps à jouer entre un ton sérieux et digne, typique de l’auteur, et un ton plus jovial, amusé, de conteur pour enfants.
Une belle œuvre à lire, rapide et divertissante. Parfaite je pense pour des enfants de 8 à 11 ans environ, et très reposante pour tout amateur de Tolkien !