Conte de Noël "à rebours", Le festival entretient une parenté étonnante, à presque dix ans d'intervalle, avec Le cauchemar d'Innsmouth, et à ceci près que le déroulé du récit prend un chemin exactement inverse.
Un narrateur solitaire revient dans la cité où vécut sa famille et où se déroule, tous les cents ans, à l'époque de Noël, un rituel lié à un culte très ancien. De cet antique peuple dont il est le descendant, on ne saura pratiquement rien, sinon qu'il est issu de lieux aux connotations merveilleuses - ce qui peut étonner chez Lovecraft : des "jardins opiacés pleins d'orchidées". En cela, la nouvelle se rattache donc également à une autre parue un an plus tôt, Azathoth ; mais l'on songe également aux jardins étranges de La fille de Rappaccini...
Les deux premières pages de la nouvelle, en particulier, qui voient le narrateur entrer dans la ville délabrée et silencieuse au soir de Noël, à la nuit tombée, génèrent une atmosphère aussi étrange que belle. L'ambiance prendra vite une tonalité sordide, glauque, puis monstrueuse. Mais, plus que la découverte d'un rite malfaisant, insupportable, plus que la fuite du narrateur dans une tentative désespérée d'échapper à ses origines, plus que la question de la folie qui, peut-être, l'habite, ce texte parle de solitude. Il est d'une tristesse poignante, ce que Lovecraft a peu développé dans ses autres nouvelles. C'est ce qui lui donne toute sa beauté insolite.