« Le feu », ce n’est pas exactement une biographie ou un témoignage de conscrit de la Grande guerre, plutôt une biographie arrangée, romancée, car Henri Barbusse se considère avant tout comme un écrivain. Ne pas prendre au pied de la lettre tout ce que l’auteur écrit donc.
Le titre aussi est trompeur. Il est comme une belle vitrine accrocheuse qui promet du sang, des batailles dantesques et héroïques. Oui, on y a droit. Mais Barbusse nous conte essentiellement la vie quotidienne des soldats, la boue, les conditions de vie épouvantables, l’attente interminable entre deux attaques ; il nous confie les doutes, les espoirs et les craintes, des trouffions anonymes qu’il a côtoyés dans les tranchées et qui semblent s’éloigner chaque jour un peu plus de la communauté des Hommes.
Tout au long du récit plane, invisible mais bien présente, la Mort, qui rôde à la recherche de son dû journalier. « Le feu », c’est surtout l’évocation d’une sorte de bûcher extraordinaire et fantastique, où une multitude d’êtres humains sont jetés en holocauste à une divinité infernale et monstrueuse, la Guerre.
« Le feu » est une œuvre poignante, rendue vivante par l’emploi de l’argot des tranchées, du patois et du langage des gens simples de l’époque. C’est également une œuvre engagée, antimilitariste ; un plaidoyer pour la Paix entre les nations et une démonstration cinglante de l’absurdité que fut la grande boucherie de 14-18.
Prix Goncourt 1916.