Audiard avait écrit : "les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
Exemple :
Sur la quatrième de couverture, les éditeurs de ce livre n'hésitent pas à dire :
"Anne Robillard est la J.K. Rowling québecoise."
Voilà voilà voilà...
Pour avoir relu récemment le premier volume des aventures d'un certain petit sorcier britannique, je me permets d'émettre quelques doutes au sujet de cette affirmation, qui serait plus correcte formulée ainsi :
"Anne Robillard est à J. K. Rowling ce que Cyril Lignac est à Paul Bocuse."
Comme ça, c'est plus honnête.
Qu'est-ce que nous avons donc ?
D'abord un manque flagrant d'imagination. Un roman d'heroic fantasy qui commence par une invasion d'un peuple noir chevauchant des dragons maléfique, c'est pas la trouvaille la plus délirante du siècle, quand même.
Et quand Mme Robillard essaie dans la nouveauté, ça devient ridicule. Qu'est-ce que c'est que ces royaumes de Perle, Rubis, Émeraude, Diamant... ? C'est quoi, le délire là ? Une mauvaise langue (mais pas moi, hein ? Vous me connaissez...) aurait vite fait d'affirmer que seule une femme pouvait donner des noms de pierres précieuses à des pays...
Et alors ? Alors on a des chevaliers-magiciens, à la fois jeunes, beaux, forts, intelligents, sensibles, doués... (c'est bizarre, je ne savais pas que Mme Robillard me connaissait, et pourtant elle s'est manifestement inspirée de moi). Et ils vont mettre en place une résistance contre l'invasion des bêbêtes arracheuses de cœur.
Et c'est un peu là qu'on arrive à un second problème (pas des moindres) : il ne se passe pas grand chose, ici. Nous avons deux cents pages de chevaliers qui gambadent d'un royaume à l'autre, et je vais prévenir papa, et il faut creuser des trous pour que les dragons tombent dedans, et patati et patata. Pire : un chapitre va suivre le premier chevalier qui va prévenir le premier roi, puis le chapitre suivant va suivre le deuxième chevalier auprès du deuxième roi, et ainsi de suite.
Moi, si j'avais été l'Empereur Noir (oui, parce que, avec cette originalité qui la caractérise, elle a décidé que le noir serait la couleur du mal, et que son personnage maléfique s'appellerait ainsi ; y'a du boulot, là, non ?), j'aurais attaqué pendant une lecture publique du bouquin. Les gardes auraient été endormis, personne ne l'aurait vu arriver.
Troisième défaut, et il est sympa aussi, celui-là : Mme Robillard ne sait absolument pas écrire. Dans ses grands moments, son style d'écriture rappelle celui d'une écriture d'invention d'un 1ère STI Génie Electrique.
Une fois de plus, je me lance dans ma croisade contre "la littérature de jeunesse", cette pratique commerciale désolante qui mise sur la culpabilité des parents (qui sont affligés parce que leur progéniture ne lit plus alors qu'ils ont la télé, l'ordinateur et la console dans leur chambre) et qui prend les jeunes pour des cons, leur livrant des bouquins au vocabulaire aussi pauvre que celui d'une chanson de Patrick Fiori et avec des personnages aussi approfondis que dans un film de Luc Besson.
Non, décidément, Anne Robillard n'a rien de J. K. Rowling.