Cette infâme couverture (on en fait pourtant de si belles !) a bien failli nous tenir définitivement éloigné de ce bouquin et il aura fallu pas mal de billets de ci de là pour éveiller et maintenir notre intérêt pour Le fleuve des brumes.
Heureusement, la liseuse nous épargne finalement cette agression tous les soirs sur la table de chevet. Allez.
Encore un polar italien ! Un de plus, la vague continue.
Et puisqu'il est question de flot justement, Valerio Varesi nous emmène sur les berges du Pô, en pleine crue (c'est d'actualité !).
Entre Crémone et Mantoue, une péniche qui part à la dérive, un batelier qui disparait, une défenestration peu naturelle, ...
Le commissaire Soneri va mener son enquête, au fil des eaux, au rythme lent de la crue et de la décrue.
Des investigations patientes et obstinées, d'autant que la plaine du Pô est un pays de taiseux.
Alors on se laisse porter par le rythme lent des rencontres du commissaire Soneri : histoires de familles, trafic fluvial, fantômes de Salò, vieilles rancunes entre chemises noires et bannière rouge de chaque côté du fleuve, ...
Et ces pluies, et cette crue qui n'en finissent pas ...
Le commissaire est d'une patience à toute épreuve, il laisse ces taiseux venir à lui, il passe d'une rive à l'autre, d'un camp à l'autre, suscite les confidences, attend les confessions. Pas vraiment une enquête, à peine une quête, plutôt une attente des flux et reflux des eaux ...
[...] Il craignait qu’une question trop directe bloque le récit du vieil homme. Ce ne devait pas être un interrogatoire, mais une incitation à l’aveu.
Bref, ça valait le coup de fermer les yeux sur cette horrible couverture pour plonger avec Varesi dans le passé agité et douloureux de cette région italienne.
Pour celles et ceux qui aiment les débordements (de rivières).