Lorsque l'on lit pour la première fois Nietzsche, que l'on débute par ce Gai savoir, l'étonnement est la première conséquence de ce choix. Un livre de philosophie qui débute par de la poésie, qui délivre des aphorismes en guise de savoir, voilà qui a de quoi surprendre le lecteur ignorant.
Pas foncièrement orienté comme une recherche pure et dure de la vérité, l’œuvre de Nietzsche essaie de mêler la beauté et la joyeuseté de l'écriture avec la réflexion de la pensée philosophique. Le but est louable et même attirant lorsque l'on sort du rigorisme absolu d'un Kant mais l'effet escompté ne fonctionne qu'en partie.
L'éparpillement, l'absence de fil conducteur finit par désintéresser quelque peu, la brièveté des paragraphes va parfois à l'encontre de la soif d'apprendre du lectorat alors que vers la fin, les sujets traités de manière un peu plus obscurs font poindre l'ennui.
Difficile pourtant de nier l'attrait que provoque la plume de l'auteur, la qualité de ses interventions et de ses observations ; on s'amuse même parfois du ton ironique qui perce à travers la gaieté affichée de ses propos, on admire (sans forcément cautionner ou donner accord) le ton péremptoire de ses jugements sur d'autres auteurs.
Mais au final on a du mal à se concentrer sur la globalité de l’œuvre, qui se termine par un nouveau poème "chanté" qu'on aura du mal à trouver passionnant et dont on a du mal à en saisir la portée et le se sens.
Seules les intentions comptent dit-on ; après la lecture du Gai savoir, on serait tenté de dire que non.