On sent la colère qui a dicté l'écriture de ce roman en forme de brûlot, et c'est vrai que la surexploitation des ressources naturelles et les blessures que cela occasionne dans le paysage, c'est encore plus d'actualité aujourd'hui. Quand je passe, non loin de chez moi, dans des zones en construction à la vitesse accélérée, ça me prend aux tripes, c'est physique, je ne supporte pas. Alors ce roman, il est fait pour moi, je ne peux qu'apprécier les personnages, et surtout leur action. Jubilatoire et féroce, Le gang de la clé à molette est un plaisir de lecture, sauf qu'il est un peu long. Pourquoi, long? Parce qu'il n'y a aucun contrepoint à l'action des héros (ou anti-héros?). Alors forcément, ça se répète, on finit par s'installer dans une routine qui émousse un peu notre plaisir. Mais ce final en forme de chasse à l'homme dans les canyons, il vient secouer la torpeur, et soudain on n'a plus envie de lâcher le livre jusqu'au point final.
Le vrai défaut du livre, c'est son rythme en dents de scie. Le début, cette ouverture qui permet à l'auteur d'étaler sa rhétorique de la colère, il est incroyable. Mais par moments le rythme retombe. Plus ramassé, ce roman aurait été un chef-d'œuvre, sans doute. En l'état, ça reste une très bonne lecture.