La bonne petite tasse de thé

Difficile de faire plus britannique que Le gardien des choses perdues, le premier roman de Ruth Hogan, et pas seulement parce qu'on y boit à n'importe quel moment de la journée "la bonne petite tasse de thé." Son atmosphère et la caractérisation de ses personnages ont quelque chose de désuet, comme s'il décrivait des comportements et des sentiments d'une époque révolue, de l'entre deux guerres du siècle dernier, par exemple. Il y aussi de la nostalgie, des affections éternelles et un soupçon de magie avec fantôme incorporé sans oublier un nappage d'humour mélancolique very British. Ruth Hogan a mis beaucoup d'ingrédients dans ce livre et il n'est pas loin de souffrir d'un trop-plein de péripéties avec deux intrigues qui se côtoient, l'une contemporaine, l'autre évolutive dans le temps lesquelles se rejoindront dans un final très original et émouvant. Sans oublier la présence de nombreuses courtes nouvelles incrustées dans le récit qui viennent chacune raconter le destin d'un objet égaré ou abandonné. Comme le titre du roman l'indique, ce sont bien ces objets perdus qui forment la trame symbolique du livre, leur collecte d'abord, occupation principale d'Anthony, le vieil homme dévasté dans sa jeunesse par la mort de sa fiancée ; la recherche de leurs propriétaires, ensuite, mission dévolue à Laura, amie puis héritière d'Anthony. Livre sur la transmission, la mémoire (la maladie d'Alzheimer est très présente), la différence et le sens de la vie, Le gardien des choses perdues est écrit dans un style simple avec des dialogues facétieux et une réelle capacité à mener de front plusieurs chemins narratifs. Une littérature des sentiments qui parvient par sa fantaisie à ne pas céder à la mièvrerie. Vous reprendrez bien une bonne petite tasse de thé ?