Ce roman est le quatrième et dernier de l'excellente série des « inhibiteurs », dont je vous rappelle les précédents titres : L'Espace de la Révélation, La Cité du Gouffre, L'Arche de la Rédemption, et le présent volume Le Gouffre de l'Absolution. Un recueil de 2 nouvelles se passant dans le même univers est également paru chez le même éditeur : « Diamond Dogs et Turquoize Days.
Ce roman clôt magistralement la série. On y retrouve quasiment tous les principaux personnages des précédents volumes, et l'auteur connecte les intrigues des trois premiers opus vers un final grandiose.
En 2615, Quaiche, un prospecteur travaillant pour les Ultras – humains bourrés de prothèses et de modifications génétiques, équipages des vaisseaux interstellaires (gobes lumen) vivant constamment en espace relativiste - s'écrase sur Héla, lune glacée orbitant autour d'une géante gazeuse, après y avoir été attiré par la découverte d’un artefact étrange : un énorme pont franchissant un gouffre titanesque. Deux éléments vont alors prendre de l’importance : Tout d’abord, cette géante gazeuse a une paricularité : elle a des « éclipses », c'est-à-dire qu’elle disparaît régulièrement !! Ensuite, Quaiche est depuis longtemps contaminé par un virus d'endoctrinement religieux, qui choisit le moment du crash pour s'activer, et déclencher une crise mystique.
En 2675, sur Ararat, une planète peuplée de Schèmes Mystifs – organismes aquatiques et végétaux intelligents forts étranges –, où le gobe lumen “le Spleen de l'Infini” s'est posé il y a 23 ans avec les survivants de la planète Resurgam détruite par les Inhibiteurs, les responsables de la colonies se préparent de nouveau à fuir.
La même année, dans l'espace proche d'Ararat, les Conjoineurs – humains aux capacités mentales surdéveloppées grâce à des implants neuraux –, se battent contre les Inhibiteurs avec des armes non humaines.
En 2727, sur Hela, une jeune fille part à la recherche de son frère disparu. Pour se faire elle devra s'infiltrer au sein des Cathédrales qui vénèrent un culte à la planète qui disparaît. Le virus de Quaiche s'est propagé et chaque nouvel arrivant est contaminé.
Le gros point fort de cette série, et à cet égard ce dernier opus ne déroge pas à la règle, est l'ambiance particulièrement gothique qui s'en dégage, ce qui est plutôt original en SF.
Le capitaine du Spleen de l'Infini continue sa fusion organique avec son vaisseau, qui continue de se reconfigurer de façon incontrôlable.
La technologie employée est à peine comprise par les humains : en effet, les principes de base de ces technologies sont si étrangers à l’espèce humaine qu’essayer les comprendre est tout simplement choquant… Cela illustre parfaitement la citation de Arthur C Clarcke : « Toute technologie avancée est magique ».
Les Inhibiteurs détruisent la vie avec des moyens délirants (une harpe cosmique construite à partir de lunes « recylcées » détruisant un soleil à coup de vibrations, des cubes noirs qui dévorent tout, ...).
Et le fin du fin, il s'agit d'un space opera qui se déroule dans un espace relativiste !!! Et cela permet une construction des romans totalement innovante, avec des lignes narratives situées à des décennies d’intervalles mais qui sont pourtant simultanées, ou encore qui semblent totalement indépendantes mais qui pourtant forment un tout au final, etc… A cet égard, Reynolds fait d’ailleurs preuve d’une grande innovation et surtout d’une fabuleuse maestria quant à la maîtrise de son récit.
Bref, cette série est incontournable pour tous ceux qui aiment la SF avec une technologie totalement dé
lirante et pouvant à tout moment se retourner contre vous, avec des transformations radicales du corps (j'ose à peine ajouter humain) et de l'esprit.