"L'amour était embrasement, combustion, anéantissement de soi dans l'autre, fusion..." Le feu de l'amour aura brûlé pour Isambour et Bernold pendant toute leur vie conjugale, constituée de grands bonheurs mais aussi de terribles épreuves.


Tout comme dans la magnifique "Chambre des dames", Jeanne Bourin, spécialiste de l'époque médiévale, offre avec "Le Grand Feu" un roman flamboyant. Fin du XIème siècle, aux environs de Blois, la vie quotidienne de ce couple de bourgeois dévoile aux lecteurs l'univers recréé avec brio par l'auteure des mœurs féodales. Avec un art consommé de conteuse précise et spirituelle, Jeanne Bourin immerge totalement son lecteur, le fond entièrement dans la réalité de son récit où chaque personnage est travaillé, devient attachant ou repoussant mais est accepté avec ses tares et ses talents.


Bernold est maître verrier, Isambour est brodeuse de tapisserie, deux prétextes pour l'auteure de faire découvrir une fois de plus avec simplicité, naturel et admiration les métiers d'art du Moyen-Age, et de peindre le spectacle d'une société brillante, hygiéniste - contrairement à ce que l'on pourrait croire -, respectueuse des saisons et des dons de la nature, enfin férue d'arts - dont celui de soigner - et de lettres.


A travers la famille nombreuse et la parentèle de Bernold le Normand et d'Isambour la Blaisoise, c'est une myriade de savoir-faire et de fonctions qui s'imbriquent les uns aux autres avec une cohérence stupéfiante nonobstant la violence et l'âpreté de la période. Le rapport des hommes à la vie, fragilisée par la précarité, la maladie, l'insécurité et les dogmes, était bien sûr très différent du nôtre et faisait presque de la vie quotidienne une survie à laquelle chacun devait œuvrer.


Avec un style remarquable qui n'appartient qu'à elle, Jeanne Bourin sait distiller les mots oubliés d'un lexique médiéval riche et coloré. De la cuisine à l'atelier en passant par le moulin ou les champs, elle joue de leur musique pour nous charmer et nous transporter à ses côtés dans ce temps à la fois rude et séduisant. Impossible de n'y pas succomber sans retenue.

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le 15 mars 2021

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Gwen21

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