Avec, en préalable à son écriture, une ancre levée, jetée, relevée durant dix ans en Alaska, Catherine POULAIN possède, c'est une évidence, l'expérience qui fournit toutes les justifications voulues pour écrire d'autorité sur le sujet. Le Grand Marin, c'est l'histoire de Lili, jeune femme qui a quitté tout pour partir en Alaska. Son but? Aller pêcher. Son expérience? Nulle. Sa détermination? Indicible!
Mais, nul n'a besoin d'expérience pour éprouver ses rêves. Après, elle ira à Point Barrow pour s'asseoir au bout du monde et laisser pendre ses pieds dans le vide.
Avant, il lui faut gagner sa place sur un bateau, y gagner un savoir-faire et surtout l'estime des hommes qui rejettent l'idée que la place d'une femme puisse être sur le Rebel, dans le vent, le froid, la glace et les odeurs nauséabondes d'appâts, de viscères et de sang des morues, flétans ou autres idiot fishs qui, avec la fatigue, la peur, les blessures et les litres d'alcool bus, forment le décor de ce pays d'hommes, fait par eux et, croient-ils, seulement pour eux!
A travers le personnage de Lili, Catherine POULAIN va affirmer le contraire. Lili, c'est une costaud! Têtue, fière, chargée de haine et de tendresse, de cauchemars et de rêves qui tiennent en éveil l'appel à vivre, l'appel du large, l'appel à rester debout!
La lecture peut paraître monotone. Cela est probablement lié au manque d'expérience de l'auteur dont ce livre est le premier roman. Après quelques chapitres, les suivants ont un relent de déjà lus, une impression de redites... Cela peut désarçonner. Mais, la vie même de ses héros s'inscrit dans la perpétuelle réécriture des journées répétées. Avec les mêmes espérances, les mêmes défaillances, les mêmes victoires, les mêmes défaites. L'héroïsme d'une vie banale en Alaska n'est-il pas de survivre à la monotonie de la répétition des jours?
Quoi qu'il en soit, c'est avec une encre toute neuve mais joliment et violemment colorée que Catherine POULAIN nous livre un premier roman offrant toute la palette des sentiments que ressentent ses héros fragiles, Lili et son Grand Marin.
Assurément, l'auteure est une plume à suivre.