N'étant pas – du tout – spécialiste de la marine et et des bateaux, je crois juste savoir que "le grand pavois" est "l'étendage de petits pavillons de signalisation" (définition wikipedia) qui n'est mise en place que lors du mouillage du bateau. Cet étendage part de l'arrière et passe à travers les mats.
C'est un livre de Roger Vercel, un écrivain qui ne cesse jamais de me bluffer chaque fois que je le lis. Il parle très bien et de façon hautement technique et passionnée de quelque chose qu'il n'a jamais personnellement pratiqué ! En effet, il décrit dans ses romans des scènes de bateaux, de tempêtes fracassantes, de cap-horniers mythiques, de pêcheurs merveilleux, de marins mariés à la mer même s'ils ont épouse et enfants à terre alors qu'il a été un professeur de lettres en lycée à Dinan avant de devenir romancier. Mais de quelle passion est-il animé pour ainsi retranscrire de si belles et émouvantes histoires ! Quelle capacité d'écoute des récits et témoignages de marins
Roger Vercel a écrit beaucoup de livres sur la mer que je prévoie de commenter sur SC au fur et à mesure de mes relectures. J'ai déjà commenté le cycle de la "fosse aux vents" et "Sous le pied de l'Archange" et quand je vois tout ce qu'il me reste à faire, je frémis …
"Le grand pavois" est un roman particulier car Roger Vercel a été associé au scénariste Jean Raynaud pour écrire le scénario d'un film (éponyme) qui sera réalisé par Jack Pinoteau en 1954. Que je n'ai pas jusqu'à maintenant trouvé ! En fait, si j'ai bien compris, Roger Vercel a habillé et développé le scénario en roman.
Le roman est une histoire d'officiers de la Marine qui vont effectuer dans les années 1950 une croisière sur le navire école la Jeanne d'Arc. Le roman ne serait "rien" sans l'histoire particulière de deux officiers. Le premier a déjà une carrière derrière lui et est marié et a des enfants ; sur l'injonction de son épouse, il accepte d'abandonner la carrière après cette mission sur la Jeanne pour prendre un poste bien plus rémunérateur dans l'industrie à terre.
Le deuxième est un midship, c'est-à-dire un aspirant-élève sur la Jeanne. Il a rompu avec sa petite amie avant d'embarquer. Le voyage sera donc pour les uns et les autres un voyage mental où les uns et les autres reviendront ou pas sur ce qui a pu être dit. Et le destin ne se prive pas de mettre son grain pas forcément bienveillant.
"Je me demande pourtant lesquels, d'eux ou de nous, ont fait le plus de chemin" dira, à la fin du roman, une des femmes sur le quai à l'arrivée de la Jeanne d'Arc.
Très beau livre que j'ai trouvé dans une vieille édition chez un bouquiniste (même s'il me manque quatre pages …)