C'est un réquisitoire contre cette "Grande Guerre" qui utilise la métaphore du troupeau.L'histoire a pour cadre la Provence,ou il situe certains de ses personnages.Giono démontre avec cette histoire que cette guerre transforme les êtres humains en bêtes sauvages assoiffées de sang.Pour appuyer sa démonstration,il utilise un vocabulaire qui se rapporte plus au monde animal qu'à une simple description d'Hommes.Cette violence des mots montre bien la cruauté des Hommes qui s'entretuent sans trop savoir pourquoi.La frénésie morbide qu'entraine cette bataille ne laisse pas de place à la réflexion et donne lieu à un engrenage fatal.Tout ceci est une grande "boucherie".Le titre de l’œuvre est une métaphore qui appuie cette impression de déshumanisation.Les soldats sont assimilés à un attroupement d'animaux qui partent se faire massacrer.Giono,qui est un auteur panthéiste,est sensible à la beauté et à la force de la nature.Pour lui,les animaux sont des êtres beaucoup plus raisonnés et dotés de bons sentiments.Il voit cette horrible bataille comme une injustice faite à ces petites gens des campagnes dont on envoie les jeunes hommes au front.La plupart connaitrons une mort atroce et ceux qui en échapperons reviendrons avec de graves séquelles physiques et surtout traumatisés à jamais par cette expérience éprouvante.Leurs parents et leurs compagnes vont souffrir de cette absence et connaitrons des conditions de travail laborieuses dans les champs.
L'amoureux de la nature et de la campagne qu'est l'auteur attache une très grande importance aux personnes restées à l'intérieur du front.Cette sympathie se retrouve dans la façon qu'il a de décrire les familles qui regardent partir leurs fils à la guerre.Il utilise un langage posé,fait d'humour et de poésie alors que sa description des zones de combat n'est que fureur et bruit.Les hommes deviennent des meurtriers sans foi ni loi.Il éprouve de la tendresse et de la compassion pour ces brave gens qui,malgré des conditions de vie très dures,restent dignes et humbles.Sa vision animiste peut donner l'impression qu'il a une plus grande sensibilité pour la force de la nature et des animaux que pour celles des hommes.En effet,tandis que le front est morbide,il fait une analogie entre la nature et les femmes.La campagne,donc la nature,est forte,vaillante et surtout très sensuelle..L'admiration que le romancier ressent pour ces braves gens est palpable car ils sont montrés comme réussissant à avoir de la distance sur les événements tragiques.Leur élégance et leur courage leur permet d'avoir une certaine ironie.Cette sanglante bataille de 14-18 lui apparait comme une prédatrice car elle chasse les hommes de leur campagne,de leur village pour les faire mourir au front.C'est une folie qui révèle la bestialité des hommes et il utilise un vocabulaire brutal pour la désigner.D'ailleurs,pour renforcer le sentiment obsédant et sa nature agressive,il ne la nomme jamais.C'est un moyen de montrer que la guerre est taboue.Cela appuie le malaise et la honte qu'il ressent envers celle-ci.L'auteur,à travers ce récit,fait ressortir la cruauté des hommes et l'injustice sociale qui les frappe tout en servant de révélateur à la dignité et la noblesse des humbles.
Giono a une vision assez pessimiste de la"Grande Guerre" car elle est prouve à ses yeux la violence et la noirceur de l’âme humaine.Il est désespéré de voir l'immense gâchis provoquée par celle-ci.Ca ne l’empêche pas,en écrivain panthéiste qu'il est,de penser que la vie est pls forte que la mort.Son amour de la langue lui fait célébrer dans une prose poétique la force de cette nature qui survit à cette sauvagerie et la force de vie des etres humbles,qu'ils soient humains ou animaux.