C'est à l'occasion de la promo de son ouvrage "Rêves de femmes : récit d'une enfance au harem" en Europe et en Amérique que la sociologue et féministe marocaine Fatima Mernissi est confrontée à la polysémie du terme "harem". Pour elle, le harem renvoie au familier et à la famille, et elle peine à comprendre les sourires en coin ou l'air gêné des journalistes qui l'interrogent, pour qui le harem est un lieu de sensualité. Elle décide alors de chercher à comprendre ce à quoi renvoie ce terme en Occident, et à en faire la genèse.
Sur la base d'entretiens, histoire de l'art pour comprendre les harems de Matisse et Ingres, enquête sur les traductions occidentales des contes des Mille et une nuits, cet ouvrage très complet et très personnel relate une démarche et un travail que j'ai trouvés très clairs et absolument géniaux.
A mettre entre toutes les mains, pour en finir avec les clichés sur le harem et les odalisques, mais aussi plus largement sur les femmes du monde musulman, et pour en apprendre plus sur notre image de la femme dans les sociétés occidentales, à travers les yeux d'une sociologue qui les découvre.