De temps à autre, cette trilogie avait réussi à susciter un certain intérêt en moi, mais ma lecture a été trop disparate pour que je m'y immerge véritablement. La Trilogie du Magicien Noir a connus son succès relatif dans le milieu de la Fantasy. Néanmoins, je n'espérais pas un miracle venant de ce troisième tome, après un premier correct mais inégal et un deuxième prometteur mais superficiel. De manière générale, les bonnes idées du récit sont gâchées par une écriture trop irrégulière, et Le Haut Seigneur ne déroge pas à la règle.
Heureusement, pour chaque défaut de ce livre, une qualité vient immédiatement la compenser, de sorte qu'il ne paraisse pas trop désagréable. Après avoir subi beaucoup de malheurs, Sonea s'affirme enfin et se plonge dans les recoins les plus sombres de sa guilde. Pleinement intégrée, l'héroïne n'est pas au bout de ses peines. Ici, elle n'a jamais paru aussi vivante, aussi réactive, ce qui aide beaucoup à s'attacher à elle. On vit ses choix, ses remords, ses amours, et ses souffrances. Déjà intéressant les précédents tomes, Akkarin se révèle enfin et il tend vers la main vers une notion maintes fois traitée dans les autres œuvres de Fantasy : la magie noire.
Peut-être est-ce la plus grande qualité de la trilogie, des idées originales côtoient une intrigue classique. Une ville présentée comme un ghetto, le harcèlement scolaire étaient déjà des aspects peu développés dans le genre. Là, l'audace suit une autre tournure, en nous présentant la magie noire comme "un mal nécessaire". Vérité âpre, mais exacte dans le contexte.
Cependant, une fois encore, d'autres aspects du récit gênent à la lecture. Le style d'écriture m'a paru trop plat, notamment lors des duels magiques pourtant très intéressants. Il s'agit aussi du tome où le plus grand nombre de personnages apparaît, mais beaucoup s'avèrent oubliables (Rothen, Vinara, Lorlen, etc...), seuls certains se démarquent (comme Savara ou Avala, tous les personnages féminins ayant un nom qui se termine en "a"), du coup, je me suis plus senti impliqué dans le duo Sonea/Akkarin, et j'en viens à me demander si ce n'était pas le but.
Mais un défaut principal traverse ce tome, surtout sa deuxième partie... Cette fin manque d'impacts. On nous parle de guerre, de morts, mais je me suis senti peu concerné. Les méchants caricaturaux n'aident pas beaucoup (ils sont esclavagistes et veulent envahir la Kyralie... Assez manichéen, tout ça), et le dernier acte consiste à aller les affronter les uns après les autres.
Même l'exil de Sonea, prometteuse sur le papier, n'est qu'un prétexte pour entamer sa véritable relation avec Akkarin qui, à défaut d'être originale, n'était pas trop dérangeante et ne tombait pas dans la mièvrerie.
Du coup, pas de bataille finale : on lit les personnages s'affronter et on en voit certains mourir, et puis voilà, l'histoire est finie.
La mort d'Akkarin, ultime rebondissement, est à l'image du livre : à la fois réussie et ratée. Réussie parce qu'elle survient brutalement, et que j'ai ressenti la peine de Sonea, mais ratée car elle tombe comme un cheveu dans la soupe et donne une impression de "Meh".
Voilà, une autre saga de Fantasy achevée ! Finalement, c'est un peu dommage que la lecture ne m'ait pas transcendé. Je n'ai pas l'impression de quitter un monde formidable, un univers m'ayant happé du début à la fin... Mais bon, tout ne peut pas être excellent, et ce n'est pas non plus mauvais. Une lecture agréable, donc.