Mohamed Nedali est un écrivain "qui devoile la realité de la socièté marocaine et attaque le vice en soulevant la poussière qui cache ses racines." On ne saurait mieux dire que cette citation d'un internaute à propos du romancier qui, en s'inspirant d'une histoire vraie a écrit Le jardin des pleurs. Qualifié de "Stefan Zweig marocain" par Christine Orban, le compliment, excessif, ferait sans nul doute rougir Nedali, l'auteur a pour qualité première de restituer, sans aménité, une réalité douloureuse, celle d'une justice à deux vitesses dans le Maroc d'aujourd'hui. Le jardin des pleurs est un endroit jadis superbe et aujourd'hui à l'abandon dans Marrakech mais aussi le récit tragique du combat des pots de terre (des citoyens lambda) contre les pots de fer (les autorités marocaines). La lutte est perdue d'avance dans cette histoire qui commence par les gestes inconvenants d'un policier ivre envers une serveuse d'un grand hôtel. De procès ou même d'excuses, il n'y aura point. Mais un long calvaire pour la victime et son mari qui remueront ciel et terre, y compris des lettres au roi et au Tout Puissant (sic), pour ne subir en définitive que menaces et humiliations. Le tableau de l'état de la justice du pays est accablant : corruption à tous les étages, faux témoignages, cupidité et cynisme des plus pauvres aux plus hauts placés. Plutôt que de relater les faits de manière dramatique, Nedali a choisi l'ironie mordante et l'humour très noir. Si son texte a davantage valeur documentaire que purement littéraire, il n'en reste pas moins efficace et d'une lucidité qui fait froid dans le dos.

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le 12 janv. 2017

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