Voilà un roman qui constitue une exception notable au vieil adage stipulant qu'un cadeau promotionnel est toujours une grosse merde. Car celui m'a été offert au titre de l'opération "un rivages / noir offert pour l'achat de 2". Les deux en question étant, au passage, deux ouvrages de l'excellente série bostonienne qui met en scène le duo Kenzie-Gennaro. Mais c'est une autre histoire. Toujours est-il qu'une fois muni de mon cadeau, je me suis, en dépit du nom imprononçable de son auteur, mis à lire sa quatrième de couverture. Et que je m'y suis laissé prendre, attiré par un pitch qui laissait poindre une pointe d'exotisme derrière un classicisme somme toute assez prometteur.
En fait, la pointe d'exotisme, si elle reste inscrite en filigrane tout au long du bouquin, s'estompe assez vite derrière une intrigue franchement sordide. Qui n'en n'est pas moins menée tambour battant, narrée qu'elle est avec beaucoup d'humour. Avec un twist final bien amené, mais peu prévisible. Et fortement teintée de critique sociale, l'enquête se déroulant dans le milieu des rupins new-yorkais. Qui n'est pas vraiment montré dans ce livre sous son meilleur jour, c'est le moins que l'on puisse dire : bon après tout, c'est un roman noir, pas un conte de fées.
A côté de cela, j'ai trouvé dans ce livre une petite couleur du Woody Allen de la grande époque, dont le bouquin est d'ailleurs contemporain (1994). Peut-être à cause de certains personnages secondaires, qui sont tous fort bien campés au demeurant. En particulier, bien sur, s'agissant du joaillier juif, qui n'aurait pas fait pas mauvaise figure dans Hannah et ses soeurs. Et puis également parce que ça se passe à Manhattan, avec ce côté esthétisant - qui m'irrite parfois - consistant à décrire des détails d'architecture de certains bâtiments, ou bien, ici, des pièces d'antiquité. Toujours est-il que le duo d'enquêteurs Mc Shane - Henderson est particulièrement réussi, notamment cette dernière, une chiropraticienne new age intuitive et excentrique. Ce qui parvient à alléger quelque peu (et plus que chez Lehane) une atmosphère qui sinon serait très pesante.
Voilà, une lecture sympa et une belle découverte de l'auteur Kotzwinkle, dont j'ai du coup appris qu'il avait une production assez fournie, pas uniquement en polars d'ailleurs, mais également en romans classiques et de jeunesse. Et je pourrais bien envisager de me plonger plus largement dans ses écrits...