Lu en Décembre 2018, Relu en Janvier 2019. 10/10
Traduction de C.Andronikof et de A. de Couriss.
Quelle œuvre incroyable a été produite par F.Dostoievski en 1 mois et en moins de 200 pages. Si je remarque en effet quelques passages sous silences inexpliqués, quelques raccourcis dans la psychologie des personnages ; Il n'en reste pas moins que tout se déroule dans une déconcertante facilité, tout est beau même sans une once de sublime !
Alexis Ivanovitch est un personnage extrêmement simple, et pourtant, on entre dans sa tête comme si c'était un grand génie. Son addiction au jeu, ainsi que celle de la Baboulinka ou d'autres personnages sont représentatifs de la vie personnelle de l'auteur. Et aussi fou que cela puisse paraître on les comprend. On est à la fois spectateur et acteur de cette folie du jeu qui dépasse les Hommes.
L'histoire d'amour avec Pauline est belle, forte, injuste et sans fondement mais c'est ce qui la rend tragique.
Tout n'est que pulsion dans ce roman, tout est naturel et notre lecture suit. Pas à pas, chapitre après chapitre, tout est fluide et on ne veut pas s'arrêter. L'urgence dans laquelle le roman a été écrit contribue à cette course effrénée par la réussite et la déchéance instantanée, exactement comme à la roulette. Ainsi, le format s'adapte parfaitement à l'histoire.
Chacun des personnages a sa propre personnalité. On retient leur nom à tous, même ceux à qui n'est accordé que quelques mots. Ce qui rend chaque émotion extrêmement ambivalente, sans aucun manichéisme car chaque personnage voit la scène à sa façon et c'est souvent notre héros qui a le privilège d'être le plus extravagant dans son ressenti.
On imagine facilement chaque personnage, leur description est souvent minimaliste mais suffisante car toujours décrite avec les bons mots.
De plus, tout n'y est pas noir, des passages plus légers avec la Grand-mère ou l'épisode du baron rajoute à l'entierté une atmosphère réaliste et optimiste.
Sans oublier les différents traités philosophiques ou politique. Sur l'amitié, la liberté ou encore la soumission.
Il s'agit d'un véritable chef d’œuvre. Un élan d'inspiration et de perfection absolument époustouflant.
"Il n'y a rien de plus plaisant que de ne pas se gêner devant les autres mais d'agir ouvertement et sans retenue."
"Je sais que je dois gagner, c'est aussi ma seule planche de salut. Voilà peut-être pourquoi j'ai l'impression que je ne peux pas perdre."
"Le plaisir est toujours utile, et un pouvoir despotique c'est aussi une sorte de volupté. L'homme est un despote par nature et il aime être un bourreau."
"L'Homme aime voir son ami humilié par rapport à soi. L'amitié est fondée la plupart du temps sur l'humiliation."
"Demain tout sera fini."