Johannes est une source de sensations contradictoires.
On adore le haïr au fil de l'histoire, car il nous fascine autant qu'il nous dégoute.
Voilà un personnage qui met son incroyable connaissance de la psychologie humaine, au service de sa perversité.
Il manipule aussi bien qu'il séduit.
Ce livre, écrit sous forme de journal intime et de correspondances, n'a rien d'original dans sa forme (bon nombre de livres usent de cette méthode, comme les très connues "Liaisons dangereuse", ou même "Dracula").
Mais l'auteur sait nous entrainer dans la tête des deux protagonistes (Johannes et Cordélia) à travers leur confessions respectives.
Attention : Comparer Johannes à Don Juan (ou même Casanova) c'est n'avoir rien compris à ces deux personnages qui ont chacun leur particularité.
Pour Johannes, la séduction est un jeu avec un côté tout à fait malsain et pervers, qui n'existe pas dans Don Juan.
Don Juan séduit parce que l'autre lui plaît et qu'il veut "consommer".
Johannes séduit, pour le plaisir de séduire, pour le plaisir de manipuler et certainement pas pour consommer.
Bref, c'est un long travail psychologique de séduction et de manipulation que l'on suit au fil des mois de la vie des ces personnages.
Comment Johannes adapte son comportement en fonction des réactions et du comportement de Cordélia.
Comment il analyse chacun de ses mots, chacune de ses attitudes, pour en décrypter le sens et lancer au mieux son prochain "pic".
Comment, petit à petit, il parvient à s'immiscer dans l'esprit de Cordélia, avec une incroyable minutie et patience.
Comment, méthodiquement, Johannes prend peu à peu le "contrôle" de Cordélia.
Enfin, c'est aussi un bon moyen d'en apprendre sur les "codes" de séduction de l'époque, qui fatalement, changent de ceux que l'on connait aujourd'hui.