Le Kalevala
8.6
Le Kalevala

livre de Elias Lönnrot (1835)

Choc choc choc. Ah les chants de Väinämöinen, les attentes de l'épousée à la tombée des soirs sans fin, les rythmes anciens qui conjurent les glaces et appellent la nuit, font pousser les arbres, enfouissent les traineaux, réveillent les ours et forgent les objets de convoitise de tout un peuple. Ah ! les prouesses brutales et terribles de Lemminkäinen revenu d'entre les morts ; la vie maudite de Kullervo, les noces d'Ilmarinen, et le Sampo, convoité par les sorcières du Nord, puis perdu.

Haute langue que cette langue-là, allitérée, répétitive, chantante. La traduction, difficile, creuse les archaïsmes du Français, tournures et vocabulaire. On comprend à moitié, on suit l'histoire dans une brume mi-chantée, mi-psalmodiée où il importe peu de s'y reconnaître à chaque vers : les images que cela engendre suffisent à la magie, invraisemblable, de ces textes colligés et artificiellement réunis en une mythologie, à l'époque où toute l'Europe recherchait le génie local de ses peuples, traduits enfin dans un Français impossible et de haute lignée.

Recommandé, chaudement à quiconque se laisserait aller sans vouloir retenir le sens. Il vient de lui-même, se tient dans le chant, irrigue, et n'est pas oublié.

Morceau choisi :

Ainsi jadis j'ai donc ouï dire
telle rune, par bon savoir :
les nuits nous viennent seules, noires,
les jours lèvent seuls, soleils pâles,
tout seul Vanämöinen
un jour est né, barde sans âge
par le ventre de la porteuse,
Ilmatar, la mère du monde

(...)
Le vieux Vänämöinen,
le barde sage vit sa vie
dans les prés de Väinölä,
les landes du Kalevala.

Barbe vieilli, il chante ses rimes,
les chantourne, les chantebrode.

Jour et jour il chante sans trêve,
chanteparle nuit sur nuitée,
les souvenances très-anciennes,
les origines très-profondes
qu'enfants baveux ne chantent pas,
guerriers barbus n'entendent guère
en ces pauvres temps de misère,
aux confins derniers de notre âge.
Kliban
10
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le 27 déc. 2010

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