Il est moins fréquent de voir une œuvre cinématographique adaptée au monde littéraire que l'inverse, c'est pourtant le cas avec cette mise en page (littéralement) du film de Guillermo Del Toro qu'il a choisi de lui-même mettre en chantier, avec l'aide d'une auteure jeunesse en la personne de Cornelia Funkel. On retrouve aussi quelques illustrations, peut-être un peu rares, qui mettent en valeur un univers mature mais féerique, entre atrocités de la guerre et du fascisme et merveilleux de l'univers de conte.


La Labyrinthe de Pan mélange adroitement le monde réel de l'Espagne sous Franco, la résistance qui s'y oppose, les relations vénéneuses entre un beau-père tyrannique et sanguinaire et sa femme soumise et résignée, avec un monde plus enchanteur quoique sombre et inquiétant dans lequel créatures fantastiques et monde souterrain cohabitent avec les humains.
L'écriture simple mais élégante et précise de C. Funkel suffit à donner corps à un récit simpliste de prime abord (pour mieux coller au genre du conte) constitué de mise à l'épreuve de l’héroïne devant faire face à moult dangers dont le principal reste celui qu'elle appelle le loup (là encore le parallèle au conte est évident) ; elle permet aussi de décrire parfaitement les émotions des différents personnages : leurs peurs, leurs angoisses, leurs satisfactions, leur amour... évitant ainsi de figer ces derniers dans un rôle peu étendu.


Cette aventure n'est pas à conseiller à de jeunes enfants, elle se destinera plutôt à des adolescents car ce conte macabre peut se montrer d'une rare violence envers ses personnages et son lectorat, entre cruauté, mort et monstres effrayants.
Il en reste un récit très riche visuellement pour le lecteur qui s’appuiera sans doute sur ses souvenirs du film s'il l'a déjà vu ou qui saura se créer ses propres images dans le cas contraire.
On tremble avec Ofelia, on prie pour elle et l'on savoure ces chapitres très courts qui donnent un ryhtme emballant à l'intrigue.
Pour une bien belle histoire, encore une fois très sombre, plongée dans un monde fascinant et effrayant.


Une vraie réussite et une belle idée d'avoir couché sur la papier un film déjà très plaisant !

ngc111
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le 27 mars 2020

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