En littérature, j'aime les surprises. J'aime la bousculade, l'inattendu. J'aime être dérouté, déconcerté et propulsé hors de ma zone de confort. Pour autant, je dois le reconnaître, j'ai aussi plaisir à retrouver ce que je cherche et il m'arrive donc volontiers de me diriger vers des romans qui proposent des récits d'apprentissage, des cheminements de personnages heurtés par l'existence ou qui, simplement, en expérimentent les grands évènements, des romans qui cherchent - voire trouvent - le point de bascule entre le figuratif et l'abstrait, entre le rêve et le réel. L'idéal, car l'un n'empêche pas l'autre, c'est quand un livre parvient à cocher toutes les cases. C'est le cas avec Le lâche, qui m'a également fourni le drame, le cynisme, le rapport filial et la conception d'une vie frappée au coin de ses imprévus.
Pour Jarred McGinnis, en l'occurrence, les imprévus surviennent en voiture. Celui qui est à la fois l'auteur, le personnage et le narrateur de ce premier roman se réveille au lendemain d'un accident de la route. Sa passagère est morte, lui ne marchera plus et, quand vient le moment de quitter l’hôpital, il réalise qu'il n'a nulle part où aller et personne d'autre à appeler que son père qu'il n'a pas vu depuis une bonne dizaine d'années. Dans une zone grise entre témoignage et fiction, McGinnis fait partager au lecteur sa nouvelle vie : les blessures du corps, le fauteuil roulant, le retour dans la maison de son enfance, les souvenirs de jeunesse et cette relation fragile entre un fils distant et un père maladroit, le tout observé par le prisme déformant de la dérision et d'une forme assumée de scepticisme. Alors, entre une gorgée de café filtre et une bouchée de donut, le récit est ponctué de passages touchants et de sujets cocasses, tantôt traités avec sérieux, tantôt avec ironie, et assenés à grands renforts de réflexions de comptoir ou de simple bon sens. La vie, quoi.
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