Aspirateur d'âme

Ce livre était horrible à lire. J'ai cru mourir. Pire expérience de lecture. N'étant pas maso, je pense que je ne pourrai jamais le lire de nouveau. En cela, le narrateur réussit prodigieusement bien, le propos étant de faire mourir le lecteur par sa prose. Néanmoins j'avoue que j'ai pensé à plusieurs reprises arrêter ma lecture car cela devenait insupportable, mais le narrateur a réussi son pari car j'ai lu jusqu'au bout, d'une traite ponctuée de longs soupirs. Les thèmes abordés sont intéressants mais mal traités, bien que cela ait le mérite de faire réfléchir. Tout est si flou, un caractère prétentieux de l'auteur ressort, c'est terrible à lire, j'insiste. C'est une expérience de lecture extraordinaire, en ce qu'elle est mortelle.
Néanmoins je pense qu'heureusement la littérature n'est pas (que) cela, et cela reste très marginal. La lecture en général (pas de ce livre) confère des émotions qui nous transcendent, et par cela nous rend heureux, car elle donne sens à notre vie, elle nous fait comprendre le réel, le genre humain, et c'est magnifique (Marielle Macé l'exprime très bien dans Façons de lire, manières d'être). Ici le "récit" de Quignard n'a pas provoqué chez moi cette joie que me donne la littérature, mais le narrateur lui-même dit bien qu'il opère un détachement du lecteur par rapport aux pratiques habituelles de lecture. Seulement, par moment il affirme que la lecture fait mourir. En vérité c'est juste la sienne qui fait mourir, hein.