Une vie passionnante racontée avec un manque d'humilité presque dérangeante
Claude Lanzmann a eu une vie passionnante, c'est ce qui ressort à la lecture des ses mémoires. Mais dès le début de la lecture, j'ai été gêné par son manque d'humilité, cet espèce de désir de montrer à quel point il est extraordinaire et à quel point il a vécu de grandes choses. C'est pourtant tout à fait vrai, mais à force de sentir qu'il veut nous montrer ça, j'ai presque ressenti de l'antipathie pour lui.
De la même manière, il ne parle dans son livre que (ou presque) de personnalités connues et reconnues, Sartre, Beauvoir, Deleuze, Fanon, Marker... Comme s'il voulait montrer qu'il a cotoyé les plus grands, qu'il a été proches d'eux (ce qui est vrai), mais délaissant du coup tous ceux dont l'Histoire n'a pas retenu le nom... On pourrait se méprendre, je ne lui reproche pas de parler de gens connus, il les a cotoyés et il a le droit de nous dire ce qu'il en a pensé, quel chemin il a fait avec eux, mais c'est plutôt la manière de le faire et le sentiment que ça m'a laissé qui m'a gêné.
C'est la dernière partie, celle dans laquelle il parle de Shoah, qui m'a le plus intéressé. C'est là, je trouve, qu'il ne tombe plus dans les écueils dont j'ai parlé, et qu'il parle des choses qu'il a vécues d'une manière passionnante, sans se faire mousser. Comme si, pour Shoah (qui est ce qui fait qu'on connait Lanzmann), il n'avait plus besoin de se vendre et de démontrer ses qualités.