C'est un livre sur l'amour, un amoureux qui est maudit d'aimer ce qui est vu comme un péché. C'est avant tout un livre qui parle de toutes les tristesses que procurent ses amours. Il commence avec ses premiers désirs, ce qui l’a en premier excité : des regards sauvages sur des hommes dénudés dans la nature. Puis, il continue, avec ces désirs qui naissent dans les écoles ; la passion pour les vilains qui grandissent généralement plus vite que les autres. Ensuite viennent les premiers amours, celles qui sont impossibles, celles qui se vivent dans des hôtels et qui se meurent dans les larmes. Il raconte comment il a aimé un homme de joie qui dut fuir loin de lui. Il nous avoue un amour d’une seule nuit avec un marin qui s’en souviendra toute sa vie. Enfin, nous vivons sa longue descente dans l’enfer dramatique, sa perdition qui le mène à un instant de bonheur. Mais tout se termine encore une fois de la même manière, une tragédie. La mort a bien trop souvent mis fin à ses amours.
C'est un livre qui traite admirablement bien les amours homosexuels, et qui laisse également un témoignage de comment il s'était dans le temps. Il montre que finalement, certaines choses sont immuables et que les malheurs d'aujourd'hui l'étaient déjà hier. J'ai vraiment été touché par des petits détails : l'amour qu'on porte à ses objets qui gardent en mémoire ce qu'on a aimé (la gourmette et les gants qu'ils laissent à ses amants) ; ses derniers regards qui traduisent la puissance de ce que l'on peut ressentir (celui du taxi m'a déchiré le cœur). Ce sont encore une fois des amours tristes, extrêmement malchanceuses, avec des fins malheureuses. Bien évidemment, cela ne retirera en rien leur beauté ; néanmoins, il est vrai qu'il manque beaucoup d'espoir, heureusement que ce n'est qu'un livre.
J'ai révélé deux phrases qui touchent la corde sensible :
« En m'exilant, je n'exile pas un monstre, mais un homme auquel la société ne permet pas de vivre puisqu'elle considère comme une erreur un des mystérieux rouages du chef-d'œuvre divin. »
« Mais je n'accepte pas qu'on me tolère. Cela blesse mon amour de l'amour et de la liberté. »