Le livre de jungle, œuvre sûrement la plus connue de Rudyard Kipling est un conte moral. Contrairement à la version avilissante qu’en ont tiré les studios Disney dans les années 60 (mais qui se trouve avoir d’autres qualités), l’original de Kipling met en exergue une certaine idée de la dignité animale, qui en fait est une variation sur la dignité humaine.
Ecouter à ce propos les échanges au masque et la plume (célèbre émission de critique de radio France) pour la sortie du film de Disney en 68 en particulier la partie de Jean-Louis Bory, qui comme souvent livre une analyse autour du clan, de la fonction et de la position des animaux dans l’écosystème de la jungle décrite par l’auteur.
Le petit d’homme, Mowgli, accompagné de ses éducateurs l’ours Baloo et la panthère Bagheera, apprend à respecter les règles de la jungle, les mots secrets lui assurant le concours des différentes espèces pour lui permettre de survivre à la vendetta du tigre boiteux, Shere Khan. Au final, on constate la porosité aux mensonges et aux légendes de la société humaine (via le chasseur en particulier) et l’incompréhension du langage de la jungle. La société animale elle, même par la voix du tigre, se contente de remplir sa fonction, dans une organisation huilée ou les oppositions sont franches et sans surprises.
Pas étonnant dès lors que le livre ait trouvé un écho chez Baden-Powell et le scoutisme et ait rencontré un immense succès, qui contribuera fortement à l’obtention du Nobel de littérature pour son auteur quelques années plus tard. Le succès se poursuit d’ailleurs depuis, avec pour preuve les multiples adaptations cinématographique étant sorties depuis.
Fortement teintée de positivisme, l’œuvre met également en avant une certaine conception de l’ordre naturel, du type « chacun chez soi et les hippopotames seront bien gardés », assez représentatif de l’époque, sans toutefois sombrer dans la volonté civilisatrice inhérente à l’époque coloniale. In fine, comme plusieurs autres œuvres de Kipling, le bouquin mérite d’être lu, car sa vision du monde animal emprunte d’Humanité (avec une majuscule s’il vous plait) ne peut que nous rendre meilleurs.