Après le décès de sa mère bien-aimée, Albert Cohen réalise tout ce qu'il a perdu et regrette amèrement tout ce que ses actes ont pu avoir d'ingrat, toutes les fois où il a froissé sa mère. Retraçant sa propre vie, de garçon arrivé à Marseille à diplomate confirmé, l'auteur se remémore la figure maternelle, sainte sentinelle de sa personne. Il analyse avec un recul critique son enfance, tout en sacralisant sa mère défunte et en désignant ses regrets comme la vengeance post-mortem de sa génitrice.
Le ton du livre est clairement pathétique, entre liste noire d'idées et liste d'idées noires, dans un esprit où carambolent nostalgie d'une époque sans parcmètre et pensées désespérées. Cette atmosphère est poussée jusqu'à l'exagération, sans jamais devenir illogique, sans non plus se perdre dans un dédale de sentiments confus. La pensée est toujours bien précisée, concentrée sur des points parfois anecdotiques (ex : son reproche à sa mère de lui avoir téléphoné pendant une soirée entre amis), parfois dans un cadre plus large (ex : la communication avec le monde extérieur réduite dans un monde post-Babel à des regards, bien qu'ils ne soient pas des romanichels). L'auteur peste contre le destin, contre la cruauté du calendrier dont chaque jour le sépare un peu plus de sa mère...
Malgré l'engouement général et les dithyrambes pompeuses des commentaires, le livre ne m'a pas plus emballé que la dégustation d'un chou rave… May the fist of angry senscritics avoid my face (please). Je reconnais la qualité du style de l'auteur, mais dans ce pathos qui tourne en boucle, l’œuvre aurait sûrement gagné en concision. C'est finalement le seul reproche que j'ai pu faire à cette œuvre... Un témoignage poignant aux accents philosophico-pathético-sentimentaux sublimé par une plume experte, en somme. A lire sous forme d'extraits, mais pas nécessairement en entier.