Le Livre des Anges n’est pas le recueil de poésie le plus connu de Lydie Dattas et pour cause, il est loin d’être son meilleur. Je suis même assez étonné quand je vois la différence de niveau entre ses autres écrits et celui-ci. Cependant, tout devient plus clair quand on compare les sujets. Dattas est très douée dans le côté vivant, vibrant, l’intensité de l’instant pleinement vécu dans un souffle de jeunesse.
Or ici, Lydie Dattas s’intéresse à un sujet très différent. Elle parle de Dieu, de la vieillesse, du rapport à la mort, au divin, à l’éternel, aux anges, du paradis, etc. Et ces sujets sont lointains et trop durs pour elle semble-t-il.
Elle décide d’user d’un vocabulaire très répétitif tout le long de l’oeuvre, n’utilisant qu’une dizaine de mots en boucle sur ses 150 poèmes. C’est long, répétitif et donne le sentiment de lire le même poème. De plus, Lydie Dattas trop souvent préfère parler d’égocentrisme que d’intériorité, de comparaison prétentieuse que de charité envers son prochain, d’un Dieu-amant que d’un Dieu-suprême. La conception qu’a Dattas du divin est quasiment vide de toute transcendance. Sa poésie chrétienne, ou du moins que l’on m’a vendue ainsi, est extrêmement pauvre de toute conception théologique, même les plus faibles.
Quelques poèmes osent pourtant une conception plus forte avec des oppositions bien trouvées entre l’éternel et l’éphémère, entre l’être et le devenir, entre l’amour qui ne dure que le temps d’un mariage et un amour plein.
Malheureusement ces poèmes sont rares et Dattas retourne facilement dans ceux où elle se pose en position supérieure et où certains de ses propos amènent le lecteur à s’interroger sur sa compréhension de l’introspection réelle de la poésie chrétienne.
Tout n’est pas à jeter, clairement non. Mais on souffrira la faiblesse du style et de la pensée qui prouvent qu’une autrice doit parfois savoir rester dans les domaines qu’elle maîtrise le mieux et ne pas s’aventurer dans certains où elle risque de se montrer indigne de son propre niveau d’écriture.