L'illusion de la perte
Attention, livre à ne pas mettre entre toutes les mains... Surtout s'il s'agit de mains de dépressifs chroniques barbiturés au Xanax et autre TranXene. Voilà ce que j'ai longtemps pensé en préambule...
le 10 mai 2016
2 j'aime
Chaque fois que je lis un livre de Paul Auster, je me dis que je ne pourrai pas l'aimer autant que le précédent et c'est pourtant toujours le cas. En revanche, ce qui ne change pas, c'est la difficulté à en parler...
Dans "Le Livre des illusions" on retrouve un personnage que l'on a déjà rencontré dans "Moon Palace", David Zimmer (de secondaire il a été promu à narrateur principal) et on apprend très vite (aucun spoiler) qu'il a perdu son épouse et ses deux petits garçons dans le crash d'un avion.
"L'important, ce n'est pas l'habileté avec laquelle on évite les ennuis, c'est la manière dont on les affronte quand ils se présentent." (P47)
Et une part relativement importante du livre est de montrer comment David Zimmer surmontera cette épreuve :
"La seule personne avec qui je savais encore comment me comporter c'était moi-même - mais je n'étais plus vraiment quelqu'un, je n'étais plus vraiment vivant. J'étais juste un type qui faisait semblant de vivre, un mort qui passait ses journées à traduire le livre d'un mort." (P125)
Mais si le livre se contentait de nous raconter les états d'âme d'un veuf qui traduit les "Mémoires d'outre-tombe" de Chateaubriand, on ne serait pas en train de lire du Paul Auster :
"Quand toutes les cartes du jeu sont contre vous, la seule façon de gagner une manche est d'enfreindre les règles." (P52)
Et pour ce qui est d'enfreindre les règles, Paul Auster est un maître ! Il arrive à nous donner l'illusion de regarder les films d'un certain Hector Mann tout en lisant son livre... Personnellement, il m'a emmenée au cinéma et j'en ai encore des images plein la tête.
"Le Livre des illusions", c'est encore du grand Paul Auster et magnifiquement porté par la traduction de Christine Le Bœuf.
"Une chose est sûre : "Le Livre des illusions" est un de mes romans les plus long et les plus complexes. Certains de mes livres ont été volontairement écrits comme des morceaux de musique de chambre. Celui-ci est plus monumental - une oeuvre composée pour un orchestre entier." (Paul Auster dans "Une vie dans les mots, conversations avec I. B. Siegumfeld" et traduit par Céline Curiol)
LE LIVRE DES ILLUSIONS de Paul Auster
Traduit par Christine Le Bœuf
GF : Actes Sud / Poche : Babel
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 2 août 2021
Critique lue 263 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Le Livre des illusions
Attention, livre à ne pas mettre entre toutes les mains... Surtout s'il s'agit de mains de dépressifs chroniques barbiturés au Xanax et autre TranXene. Voilà ce que j'ai longtemps pensé en préambule...
le 10 mai 2016
2 j'aime
Chaque fois que je lis un livre de Paul Auster, je me dis que je ne pourrai pas l'aimer autant que le précédent et c'est pourtant toujours le cas. En revanche, ce qui ne change pas, c'est la...
le 2 août 2021
1 j'aime
Parfois les bouquins de Paul Auster se répètent : mise en scène de l'écrivain écrivant, troubles existentiels face à la page blanche etc. Mais celui-là est un bon : l'histoire prend bien, le suspense...
Par
le 21 janv. 2011
1 j'aime
Du même critique
COUP DE COEUR Il y a quelques mois, je traînais à la librairie Arthaud de Grenoble et, sur une table, le libraire avait mis en avant entre 10 et 15 titres Libretto... parmi lesquels se trouvait...
le 23 juil. 2020
2 j'aime
COUP DE COEUR "Je suis un poète raté. Peut-être que tout romancier désire commencer par écrire des poèmes, découvre qu'il ne peut pas et aborde alors la nouvelle qui, après la poésie, est la forme...
le 23 juin 2020
2 j'aime
LA BALLADE DU CAFÉ TRISTE et autres nouvelles de Carson McCullers Traduit par Jacques Tournier Éditions Stock (GF) / Le Livre de Poche ❤ COUP DE COEUR ❤ Il y a longtemps que j'entends le plus...
le 24 juil. 2019
2 j'aime