Raconté de loin, lu de loin
Il se lit très vite, le style coule plutôt bien malgré quelques ficelles un peu grosses et des envolées lyriques que je n'ai pas toujours suivies. Mais je n'ai pas accroché : en 300 pages on voit défiler presque cent ans et des dizaines de personnages. L'histoire familiale des Péniel se lit de loin, sans rentrer un peu plus profondément dans la personnalité des individus. Même Nuit-d'Or est resté un inconnu pour moi jusqu'à la fin et je n'ai ressenti que très peu de sympathie pour lui qui est pourtant le personnage principal.
Paradoxalement, les meilleurs moments du livre sont ceux qui montrent l'horreur de la guerre avec une réalité effrayante, et pourtant sans avoir l'air d'y toucher. Seul le drame final, après le bûcher et la destruction des meubles, m'a semblé réel. Les moments plus plats sont ponctués de situations grotesques et je me suis demandé tout du long où voulait en venir le roman. Finalement, il me semble que les personnages sont des simples vecteurs pour exprimer la douleur de la guerre.
Un autre aspect me perturbe : les femmes, dans leur quasi-totalité, sont passives et/ou soumises à un homme, et lorsqu'elles ne le sont plus elles sombrent dans la folie, ou meurent tout simplement. D'une manière générale, le peu de sympathie que j'aurais pu ressentir pour un personnage ou un autre, à un moment où sa psychologie semble se dévoiler un peu plus, est bien vite oublié puisque ce personnage meurt quelques pages plus tard.
Je garde l'étrange impression que l'auteur s'est tenue à bonne distance de ses personnages et a eu trop de pudeur pour oser raconter leurs sentiments profonds. D'un autre côté, avec près de 30 personnages, en 300 et quelques pages on ne va pas très loin.