Etrange ambivalence que le personnage central Loup Jansen : n'a-t-il pas raison de dire que la vie (humaine ou autre) n'est que multitude quand les ressources sont limitées et finies (s'en apercevoir fait derechef de London un incroyable environnementaliste visionnaire)? Un homme qui meurt n'est-il pas qu'une illustration darwinienne? Aussi n'est-ce pas dans cette balance d'incertitude qu'on peut être à même d'apprécier sa particulière valeur en relisant du Kipling?
Voici les questions auxquelles tente de répondre ce roman du moins dans sa première partie, la plus volumineuse, la plus intéressante.
Très souvent, la culture axe ses récits sur des rencontres entre personne d'origines différentes et toujours très souvent, on tombe dans un mythe du bon sauvage qu'il soit pauvre ou autochtone, London ne tombe pas dans ce conformisme : Loup Jansen n'est pas un homme bon dans ce sens de mièvrerie morale, il est compétent, rude, fort et ingénieux pour atteindre ses objectifs quand bien même cette ingéniosité écrase toutes les règles de la moral.
Sa rencontre avec le héros, mondain intellectuel de San Francisco, balaye toutes les règles de bien-séance chez ce dernier qui devra alors bousculer toutes ses convictions les plus élémentaires pour surmonter cette rencontre, l'un symbolisant l'idéalisme et l'autre le matérialisme.
London rend à merveille la difficulté relationnelle des êtres humains mais aussi la difficulté de la nature.
London semblait vouloir réaliser une oeuvre totale, aussi y a-t-il également une histoire d'amour, laquelle est plate et nettement plus ennuyeuse.