De quoi faire passer les Stark pour des lopettes
Vous connaissez surement le nom de Gengis Khan. Les plus férus d’histoire parmi vous savent aussi qu’il était un empereur mongol, voire qu’il a conquis le plus grand empire contigu de toute l’histoire de l’humanité. Mais à priori, vous n’en savez pas plus.
Ne vous sentez pas vexés. C’est juste qu’il n’existe pas beaucoup d’ouvrages qui relatent ces événements. Pire, la page Wikipédia (qu’il est déconseillé d’aller lire avant d’attaquer les romans) ne contient presque rien, limitée à une dizaine de lignes faméliques.
Pour assouvir un appétit historique sans prendre à bras le corps des ouvrages non traduits ou austères, Le loup des plaines, premier tome d’une trilogie racontant la vie de cet homme, constitue un parfait commencement.
L’auteur a inventé une mythologie à partir des faits vérifiés. Il a créé et raconte, en quelques lignes, un univers précis, ritualisé, codifié. Sans s’emmerder avec des pages entières de descriptions inutiles ou chiantes, la marque d’auteurs moins performants qu’ils le pensent, il dresse un portrait extraordinaire de la steppe mongole, de ces cavaliers parmi les meilleurs au monde, de ces tribus fières et dures (CMB), et des luttes qui les façonnent.
On ne peut s’empêcher de penser au Trône de fer en lisant Le loup des plaines. Parce que les intrigues y sont aussi nombreuses et le nombre de protagonistes élevé. Mais sur la steppe gelée, tout va plus vite et s’enchaîne de façon fluide sans qu’on ne s’ennuie à aucun moment. On trépigne de découvrir la suite des événements et on frissonne de la pression qui ne cesse de monter pour n’éclater qu’en une plus grosse tension encore.
Minutieusement, en prenant son temps, Conn Iggulden fait monter la sauce. Il compose la scène, présente des personnages forts, attachants et les envoie dans la folle farandole des aventures de Temudjin, fils de Yesugei. Ils sont une multitude à entrer dans cette danse, celle de la survie et de l’ambition, de la conquête, des razzias et surtout, celle de la vengeance qui anime, plus que tout autre intérêt, l’ensemble des héros de cette aventure hors du commun.
En dehors de quelques faiblesses d’écriture pour les scènes d’action, où l’auteur peine à retranscrire le rythme effréné et la vivacité, les pages se tournent toutes seules, et on ne lâche qu’à regret le bouquin avant de l’avoir fini. Le style est fluide et agréable.
En bonus, Conn Iggulden nous livre, en fin de parcours, une petite leçon d’histoire et de comparaison entre la réalité et la fiction qu’il en a tirée.
La seule chose que l’on veut faire après avoir tourné la dernière page, c’est entamer le tome 2. Le seigneur des steppes. Ça tombe bien. Je n’ai rien trouvé à lire de plus intéressant.