Être en marge de société. Se sentir loin de son époque, incompris, seul mais heureux de l’être. Ne vous inquiétez pas, je ne parle pas d’un adolescent en pleine crise, mais bien de Harry Haller, le personnage principal du Loup des steppes.
La première fois que j’ai vu cette maison des feuilles, je n’ai franchement eu que de la pitié pour elle, non point que l’édition fût laide, mais je l’imaginais plus grande. J’ai ensuite relevé la tête pour porter attention à mon ami qui me tendait le livre, il avait derrière sa clope, un sourire narquois, comme s’il savait que ce qu’il me donnait était un virus qui allait bientôt s’inviter clandestinement dans mon imaginaire.
Les jours suivants, j’épiai le roman du coin de ma chambre, j’analysais l’ennemi. Le loup des steppes, mais quel nom étrange ! Ce livre ne disait rien sur lui que ce soit sur la couverture ou son quatrième. Sans le savoir, il avait déjà contaminé mon esprit.
Plusieurs jours plus tard, je me décidais enfin à l’ouvrir, et c’est alors que sur fond de Vivaldi, je fis enfin la rencontre de Harry Haller, cet allemand persuadé d’avoir un monstre en lui, qu’il baptisa le loup des steppes.
Comme dit dans le roman ; il existe grand nombre de personnage ayant des points communs avec des animaux sans que cela ne soit un problème. Or chez Harry Haller, l’être humain et le loup se font une guerre sans merci. Deux êtres si opposés, à l’intérieur d’une même âme, il y a de quoi faire un cocktail explosif. En réalité, ce germain aussi raffiné et intelligent qu’il soit, est un homme profondément pathétique. Éternel insatisfait, trouillard et profondément réactionnaire, il rejette tous ses défauts sur son monstre intérieur sans tenter de s’améliorer lui-même.
Je saute plusieurs parties majeures du livre pour éviter de vous divulgâcher, mais je tiens à dire que malgré sa parution en 1927, ce texte s’inscrit dans la lignée des œuvres dites << hors du temps >>. Chacun d’entre nous a déjà eu une période de grand doute ; certains l’affrontent en lisant du Nietzche et se fixe un but, d’autre plongent dans l’alcool ou autres substances et quelques-uns errent dans les rues en se posant peut-être un peu trop de questions pour leurs âges, mais ça n’y change rien, on est tous des loups perdus dans des steppes brumeuses que l’on appelle la vie.
Malgré ma critique du manque de subtilité de ce genre de roman dit << initiatique >>, pour celui-ci je suis passé complétement outre tellement la claque fut monumentale. Ce roman m’a fait comprendre la grandeur de l’âme humaine, qu’elle n’est pas nommable ni quantifiable. Que chaque jour, chaque heure, chaque minute, nous sommes quelqu’un de différent. À la fin de ma lecture je suis sorti avec une excitation et un entrain pour la vie encore plus grand que jamais.
Il faut profiter de chaque instant.